Grosse frayeur à Tanger dimanche dernier. Les Tangérois ont vécu des moments difficiles à cause d'un match de foot de l'équipe locale qui s'est subitement transformé en une confrontation. En effet, les supporters de l'IRT (Ittihad Riadhi de Tanger) se sont livrés à des actes de hooliganisme dans les artères de la ville du détroit. «Très en colère contre la prestation de leur équipe de football, les supporters ont envahi le terrain en démolissant systématiquement les équipements et autres infrastructures du stade Marchane», explique une source sur place. Plusieurs interpellations auraient eu lieu de personnes qui seraient impliquées dans les violences qui ont émaillé la rencontre de l'IRT et la JSM (Jeunesse Sportive Al Massira). Tout a commencé lorsque l'équipe adverse a marqué le but égalisateur à dix minutes de la fin du temps règlementaire. Les hooligans ont décidé alors d'investir le terrain de jeu alors que l'arbitre n'a pas encore donné le coup de sifflet final. La rencontre a bien évidemment été interrompue. L'intervention des forces de l'ordre présentes sur place a poussé les foules à quitter l'enceinte du stade. Mais les hooligans semblaient décidés à poursuivre leurs méfaits dans les quartiers limitrophes. Très excités, les supporters vont caillasser les devantures de certaines boutiques et les pare-brises de nombreux véhicules, notamment ceux de la police. Ces actes ont perturbé le trafic routier dans les ruelles de la ville. Mais les choses ne se sont pas arrêtées à ce niveau. Les tensions ont, en effet, pris une allure politique. «Les supporters ont scandé des slogans hostiles au comité de l'équipe locale de football en demandant le départ du président de l'IRT, Adil Dfouf», ajoute la même source. Il faut noter que Dfouf était tête de la liste du PAM (Parti authenticité et modernité) et candidat malheureux dans les élections partielles du 4 octobre dernier. Des élections remportées par le PJD (Parti de la justice et du développement) qui a obtenu deux sièges sur les trois disputés dans la circonscription de Tanger-Asilah. Existe-t-il un lien entre les événements du stade et le dernier scrutin? Une chose est sûre en tout cas, la présence sécuritaire a été renforcée dans la ville du détroit où la situation était déjà tendue, notamment dans le quartier périphérique Béni Makada. Quelques jours auparavant, les autorités locales ont tenté d'exécuter une décision judiciaire expulsant une famille d'un terrain. Les membres de cette famille ont refusé et montré une résistance aux forces de l'ordre. Ces dernières on été prises à partie par les habitants du quartier. Puis les choses ont dégénéré. Ce qui devait être une simple mise en application d'une décision de justice a tourné en une confrontation violente entre les autorités et les habitants. Depuis ces événements, le calme est revenu au quartier à part quelques incidents isolés mais la tension plane toujours sur la ville. Dans une première réaction, le gouvernement par le biais de Mustapha Ramid, ministre de la justice, aurait demandé l'ouverture d'une enquête pour mettre la lumière sur les circonstances qui ont mené vers cette situation au quartier Béni Makada. Ces incidents rappellent les violences qui avaient éclaté à Sidi Ifni. Cette petite ville au sud du Royaume a fait la Une des journaux plusieurs jours durant. Une manifestation de pêcheurs au port de la ville s'était transformée en une véritable confrontation. Les forces de l'ordre étaient intervenues pour faire revenir le calme mais elles ont rencontré une résistance de la part des jeunes. La tension durera plusieurs jours avant que la petite ville paisible, connue pour ses ressources halieutiques, ne retrouve son calme.