L'ex-envoyé spécial de l'UE au Proche-Orient et membre du comité des notables du Parti socialiste ouvrier espagnol, Miguel Angel Moratinos, a fortement critiqué la politique extérieure de l'actuel gouvernement espagnol notamment en ce qui concerne les relations avec le Maroc. Le Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE) a révélé les grandes lignes de la politique internationale qu'il adoptera notamment en ce qui concerne les relations avec le Maroc et les pays de la région méditerranéenne. C'est par la voix de l'un des ténors de la diplomatie espagnole à la renommée mondiale. Il s'agit de Miguel Angel Moratinos, ex-envoyé spécial de l'Union européenne au Proche-Orient et membre du comité des notables formé par le secrétaire général du PSOE, José Luis Rodriguez Zapatero, pour rédiger le programme du parti lors des élections législatives générales dont le scrutin aura lieu le 14 mars prochain et soutenir le leader socialiste dans sa candidature à la présidence du gouvernement espagnol. Moratinos, qui était l'invité de la célèbre émission matinale, "La respuesta", diffusée par la chaîne de télévision privée Antena3, a fortement critiqué la politique extérieure pratiquée par le gouvernement dirigé par le Populaire José Maria Aznar et ses répercussions sur la place de l'Espagne à l'échelle mondiale dont la détérioration des relations avec le Maroc. Moratinos, un grand spécialiste des relations avec le monde arabe et qui était pressenti, il y a une année, pour le poste d'ambassadeur de l'Espagne au Maroc, n'a pas caché sa déception de voir les relations maroco-espagnoles se détériorer jusqu'à arriver à un conflit militaire. "Cela m'a fait beaucoup de mal de voir qu'après beaucoup d'années de travail et la signature d'un traité d'amitié et de coopération avec le Maroc, nous devions en arriver à une opération militaire pour résoudre un problème absolument sans importance comme cette crise", a-t-il dit. Selon Moratinos, la politique étrangère espagnole devrait se baser sur une meilleure coopération avec la France afin de créer un "noyau dur" dans le cadre d'une stratégie maghrébine commune visant à promouvoir un Maghreb développé ce qui ne pourrait qu'être bénéfique pour les deux pays. "Si nous voulons un Maghreb prospère, un Maghreb uni, ce dont nous avons besoin, si nous voulons régler le problème du conflit du Sahara occidental, nous devrons créer un noyau dur avec la France. Ce ne sera pas avec les Etats-Unis", a-t-il dit. Le dirigeant socialiste dont l'invitation à l'émission présentée par la célèbre journaliste Javier González Ferrari intervenait au lendemain des décélérations hasardeuses du ministre espagnol de la Défense, Federico Trillo, sur l'îlot Leila, a expliqué que les relations entre le Maroc et l'Espagne ne se sont pas encore récupérées de la situation de crise qui les a submergées durant les trois dernières années. "Si le Maroc est tombé dans cette provocation (les décélérations de Trillo), c'est que les relations (entre les deux pays) ne vont pas bien, comme cela a été démontré cette fin de semaine", a-t-il expliqué. Répondant à une question sur le rôle de la France dans la crise maroco-espagnole, l'ex-envoyé spécial de l'UE au Proche-Orient a affirmé que "la France est un élément perturbateur dans l'axe de relations de pouvoir entre les Etats-Unis et l'Europe". Moratinos a rappelé, à ce propos, le changement de position de l'Union européenne dans l'affaire de l'îlot marocain Leila qui a été possible grâce à l'intervention de la France. "La France a dit : attendez, nous allons dialoguer, nous allons écouter le Maroc, alors que l'UE avait émis un communiqué de soutien à l'Espagne parce que la France a sa propre relation de pouvoir et un manque d'entente avec le président Aznar", a-t-il expliqué. Enfin, le dirigeant socialiste a critiqué l'alignement d'Aznar sur la politique de Bush considérant que "les Populaires ont privatisé la politique extérieure de l'Espagne" ce qui lui a fait perdre la crédibilité et le respect.