Le Sénégal a rompu les négociations avec le groupement franco-marocain, pour l'acquisition de 51% de la société sénégalaise d'électricité Senelec. Les américains risquent de profiter de cette défaillance. Le consortium franco-marocain est officiellement hors course pour le rachat d'une partie du fonds de commerce de la Senelec. D'autre part, l'offre de la société américaine AES Frontier Limited devient plus attrayante aux yeux du gouvernement sénégalais. C'est ainsi qu'on apprend selon, l'édition du 25 février dernier, le quotidien sénégalais « Le soleil » : « comme avec le groupement Vivendi-ONE, les négociations avec AES Frontier Limited, s'inscriront dans le strict respect des dispositions du dossier d'appels d'offres», déclare l'Etat sénégalais. Le même support souligne la difficulté de la situation. Il ne manque pas de préciser que la société américaine est loin de présenter des propositions financières et techniques «alléchantes». Selon la même source, AES mise sur un montant de rachat de 43 milliards de FCFA, auquel est annexé un plan social. D'autant plus, que l'Etat sénégalais est sous pression. Et elle est de poids. En effet, le Fonds Monétaire Internationale (FMI), initiateur du cadre des privatisations, aujourd'hui en vigueur, rappelle les échéances d'exécution. Le 1er mars 2002 devait être la date de démarrage de « l'opération Senelec ». Ce qui retarde ce lancement, qui repose sur le défaut de partenaire stratégique. Le ministre de l'énergie sénégalais, Macky Sall n'omet pas l'éventualité d'un échec de cette transaction. La lenteur des négociations pour l'examen du dossier proposé par le groupement Vivendi-ONE s'est avérée paralysante. En effet, elles se sont tenues à Dakar du 26 novembre au 13 décembre de l'année dernière. Elles s'étaient finalement conclues par la signature d'un protocole d'accord. L'offre technique avait permis à Macky Sall d'affirmer que : « le programme d'investissements présenté par le groupement allait au-delà du programme minimum prévu dans le dossier d'appel d'offres ». Était également à l'ordre du jour l'approbation de la politique sociale et tarifaire. Certes, en date du 15 décembre 2001, «l'offre financière n'avait pas fait l'objet d'un accord », soulignait le quotidien « Le soleil ». C'est sur ce volet que portait l'ultimatum fixé par le Sénégal en date du 22 février dernier. Il consistait en le versement intégral des 40 milliards CFA. Aussi, une fois l'échéance passée et le paiement qui ne s'est pas effectué, la rupture des négociations est consommée. Toutefois, si ce n'était la littérature de la presse sénégalaise, les commentaires de la partie franco-marocaine n'ont pas fusé. Du côté de l'office national d'électricité (ONE), c'est silence radio. «Nous avons pas d'éléments concernant ce sujet», déclare-t-on auprès de l'ONE. L'hypothèse avancée actuellement par les observateurs sénégalais : «si les discussions, avec la société américaine AES Frontier Limi-ted…venaient à échouer et que Vivendi reformule son offre dans des conditions avantageuses pour le Sénégal », çà repartira pour un autre tour.