500 millions DH. C'est la somme dépensée par l'Etat en aide aux productions cinématographiques nationales depuis 1987. Ils ont en tout été quelque 350 films financés avec l'argent public. «Aujourd'hui ce n'est pas sur le plan de l'éthique et de la morale que nous entendons réformer le cinéma mais sur le plan de la bonne gouvernance», a déclaré à ALM Mustapha El Khalfi, ministre de la communication, en réaction aux craintes exprimées à diverses reprises par des cinéastes par rapport à une quelconque intention des islamistes de vouloir mettre le cachet «halal» sur la création artistique cinématographique nationale. «Le débat autour de l'art, son contenu, son éthique est l'affaire de la société et non du ressort de l'Etat. Ce dernier a aujourd'hui pour mission de veiller à la bonne gouvernance de l'aide publique, la transparence et la promotion de la création et de la qualité», explique le ministre, ajoutant que c'est le but recherché par l'adoption récente du décret relatif au renouvellement des conditions et les procédures d'octroi d'aide aux productions cinématographiques, à la numérisation et la création des salles et à l'organisation de festivals cinématographiques. Ce décret publié le 30 août dans le Bulletin officiel vient remplacer un texte relatif à l'aide publique qui date de 1987. Entre autres, ce texte prévoit la création de commissions d'aides «indépendantes dans leurs décisions», souligne explicitement l'article 7 de ce texte. L'expression pour la première fois explicite de cette indépendance est selon le ministre une garantie du fait que l'Exécutif n'interviendra pas dans le travail de ces commissions et par ce biais dans le contenu des projets bénéficiant d'aide. Ceci bien que, selon l'article 6, les présidents et membres de ces commissions d'aide soient nommés par le ministre en personne sur proposition du CCM relayant celles des Chambres des professionnels de cinéma. Par ailleurs, ce même texte stipule des dispositions nouvelles inspirées des concertations avec les professionnels, de benchmarking ainsi que de rapports, notamment celui de la Cour des comptes de 2007, explique le ministre. Parmi ces dispositions nouvelles, on cite la mise en place de mécanismes de suivi des commissions qui sont désormais soumises à une évaluation annuelle et doivent publier des rapports précis concernant leur vision, leur plan d'action et le bilan des aides. On cite également la mise en place d'un système de délibération qui permet aux porteurs de projets de débattre de leurs projets. Aussi la disposition selon laquelle l'octroi de toute aide est suivi par la signature d'un accord entre le CCM et la société de production et qui comprend les modalités et conditions que doit respecter le bénéficiaire. Aussi, pour la première fois l'octroi d'aide aux festivals sera décidé par une commission. Par ailleurs, les conditions techniques d'octroi de l'aide feront l'objet de cahiers des charges techniques qu'élabore le CCM en concertation avec le ministère. Outre les décrets, cahiers des charges et arrêtés, le département d'El Khalfi travaille, selon ce dernier, sur le volet formation. Dans ce sens, il est question de l'Institut supérieur des métiers de l'audiovisuel et du cinéma (ISMAC) qui sera, selon M. El Khalfi, public et géré par un comité consultatif et pédagogique de professionnels du cinéma. Sont également prévues des assises du cinéma du 16 au 18 octobre qui seront une occasion pour réfléchir sur les perspectives de développement du secteur. Les efforts du ministère se penchent aussi sur le développement des productions et investissements cinématographiques, conclut le ministre PJD. De quoi rassurer les créateurs marocains qui promettent toutefois de rester vigilants.