Dernièrement, des voix se sont élevées contre l'obtention par le Maroc de la dernière ligne de précaution et liquidation d'un montant de 6,2 milliards de dollars. Certains analystes et politiques invoquent le risque d'un Programme d'ajustement structurel qui serait imposé par le FMI, gardien de l'équilibre des balances de paiements et assurant un suivi régulier des politiques économiques et financières de ses 186 pays membres, au Maroc. Cela provient, sans doute, des séquelles sociales, voire psychologiques, qu'avait laissées l'application par le Maroc du Programme d'ajustement structurel entre 1983 et 1993, dans notre mémoire collective. Le PAS avait été très mal vécu quand il a été appliqué au Maroc, en raison certainement des difficultés rencontrées à exécuter certaines mesures du fait de leur impact négatif surtout social. En dehors des différentes explications et analyses, politiques ou apolitiques, rapportées largement par la presse audiovisuelle, écrite ou même électronique, n'est-il pas vrai que la conjointure économique des années 80 est totalement différente de celle qui marque aujourd'hui notre économie ? Surtout que l'on sait que le Maroc s'est lancé, durant les dix dernières années, dans un process continu de réformes structurelles de grande échelle qui ont contribué à des performances macroéconomiques solides, en particulier une croissance robuste, une faible inflation et un système bancaire résilient, comme l'avait souligné Christine Lagarde, directrice générale de cette même institution, le FMI. Le but de cet accord de ligne de précaution vise certainement à doter notre pays des moyens financiers nécessaires pour faire face, le cas échéant, à une détérioration de l'environnement international. Mais cette ligne témoigne, encore une fois, de la confiance dont jouit notre pays auprès des institutions internationales. Le processus de réformes politiques engagé commence à donner ses fruits et l'économie nationale continue, désormais, de faire preuve d'une économie solide, malgré les difficultés conjoncturelles qui pèsent sur nos équilibres macroéconomiques, en raison de la mise en œuvre ces quatre dernières années d'une politique, voulue volontariste, d'amélioration du pouvoir d'achat des citoyens et de l'accélération de la politique des grands chantiers. Aussi, l'obtention de cette ligne intervient-elle dans un contexte économique globalement maîtrisable. Bien que certains indicateurs soient au rouge, et légèrement élevés, ils demeurent soutenables. Si les déficits budgétaire et du compte courant de la balance des paiements sont respectivement en pourcentage du PIB, en 2011, de 6,1 et de 8%, des marges de manœuvres sont encore là. L'encours de la dette extérieure n'est que 12% du PIB, les réserves des changes couvrent 4 mois d'importations. L'inflation reste maîtrisée à moins de 1%. Et enfin une croissance moyenne ces quatre dernières années autour de 4,8%, faisant baisser le chômage à moins de 9%. Cette situation est loin d'être comparable à la période d'ajustement structurel qu'a connue le Maroc au début des années 80. En effet, durant cette période, le taux de croissance économique n'était pas parvenu à dépasser 2%, le taux d'inflation se situait autour de 10,5%, le déficit du compte courant avait enregistré des niveaux de 12,3% du PIB conjugué à une épargne publique négative de l'ordre de 2% du PIB et un déficit budgétaire qui avait atteint également plus de 12% du PIB. Pour financer les dépenses et couvrir les déficits budgétaires, l'Etat a eu massivement recours à l'endettement extérieur. Ainsi, de 12,9% du PIB en 1974, l'encours de l'endettement extérieur est passé à 43,8% en 1982. Le ratio du service de la dette s'est élevé en 1982 à l'équivalent de 56% des recettes en devises. Les réserves des changes ne couvraient qu'environ 10 jours d'importations, au moment de l'entrée en vigueur du PAS, voire même 2 jours d'importations juste après sa mise en application. Bref, une quasi-cessation de paiement en 1983. Ne faudrait-il pas donc qu'on dépasse des discours qui jettent une certaine tergiversation face à des choix stratégiques justifiés par une crise mondiale aux dimensions multiples avec une récession économique qui sévit dans le monde entier, dont notamment nos principaux partenaires économiques, l'Union européenne ? Nous sommes donc à un moment où il appartient aux dirigeants, aux partis politiques et aux organisations de la société civile et syndicales de proposer des réponses conjoncturelles ou structurelles et pourquoi pas des idées de mesures qui conviennent aux répercussions de la crise en termes de préservation des équilibres économiques et financiers, devenus désormais constitutionnels. Sans cela, il sera impossible de relever les défis à venir et les choix difficiles à opérer pour faire face à la crise qui ira, semble-t-il, en empirant.