Un Boeing 767 de la Royal Air Maroc, assurant la liaison New York-Casablanca a été contraint de se dérouter sur un aéroport américain, avant d'atteindre sa destination finale vendredi après-midi. A l'origine de cet incident, un citoyen marocain inculpé par le FBI pour fausses déclarations. La Royal Air Maroc a été touchée de plein fouet par la psychose des événements du 11 septembre. Les passagers du Boeing 767 de la compagnie aérienne marocaine, qui effectuait la liaison New York-Casablanca jeudi dernier, ont en effet vécu des moments de frayeurs après que leur appareil a été contraint par les autorités américaines de rebrousser chemin. Ce rappel des services de sécurité aérienne des Etats-Unis est intervenu plus de deux heures après le décollage normal du Boeing marocain de l'aéroport Kennedy de New York à 19h00 locales (00h00 GMT). A 23h15 jeudi soir, les 82 passagers de cet avion et ses dix membres d'équipage, se sont retrouvés à l'aéroport international de Bangor dans le Maine, à la pointe nord-est des Etats-Unis. Deux passagers ont par la suite été interrogés par le FBI. Il s'agit de Zubiar Ali Ghias, un banquier de 27 ans; il avait téléphoné à sa famille à bord de l'avion pour lui dire qu'il avait été kidnappé à Chicago par un groupe d'Arabes qui l'avaient forcé à acheter un billet d'avion pour le Maroc. Porté disparu depuis lundi dernier, il a reconnu par la suite aux enquêteurs américains avoir inventé toute l'histoire. Il a expliqué s'être disputé avec sa femme et avoir pris « la décision irréfléchie de se rendre à New York et de tout quitter ». Il a été incarcéré sans possibilité de caution et doit être présenté à un tribunal fédéral lundi risquant jusqu'à cinq ans de prison. Le deuxième passager à subir les interrogatoires du FBI à Bangor (Maine) est Ahmed Bhiksi, un Marocain en passe d'être expulsé des Etats-Unis. Les raisons de sa procédure d'extradition n'ont pas été dévoilées à la presse, mais plusieurs sources précisent qu'il avait éveillé les soupçons après avoir rechigné à remonter dans l'avion suite la fouille de l'appareil par la police de Bangor. Les explications de la compagnie aérienne marocaine, parues dans un communiqué, mettent en évidence l'existence d'« un appel téléphonique les informant (le personnel navigant) de la présence d'une personne suspecte à bord de l'avion, embarquée à l'aéroport de New York » ce qui a motivé la décision du commandant de bord de faire demi-tour pour « permettre aux autorités compétentes de procéder à des vérifications supplémentaires ». Après plusieurs vérifications, les autorités américaines avaient finalement conclu « à l'absence totale de toute menace susceptible de porter atteinte à l'avion ou à ses passagers ». Alerte à la bombe ou la présence d'un individu suspecte à bord de l'appareil marocain ? Pendant plusieurs heures, personne ne pouvaient répondre exactement à cette question. Deux versions des faits, par ailleurs contradictoires, existaient. La première émanait de l'Administration de la sécurité des transports (TSA) dont le porte-parole, Mark Hatfield expliquait le rappel de l'avion par une alerte à la bombe lancée par un passager à bord de l'appareil. La version de l'aviation civile américaine était différente. Son porte-parole pour le secteur de la Nouvelle-Angleterre, Holly Baker, a déclaré, pour sa part qu'il y avait « une personne à bord dont l'équipage pensait qu'elle constituait un risque pour la sécurité », ajoutant ne rien savoir sur une éventuelle alerte à la bombe.