Très amoureux de la perle du nord, Mohamed Choukri a fait de la ville un élément essentiel de ses écrits. A cet effet, Tanger sera dotée d'une fondation culturelle visant à pérenniser l'œuvre de cet écrivain tangérois décédé en 2003. L'annonce officielle de ce projet s'est déroulée lors de la sixième rencontre autour de l'auteur du «Pain nu», qui s'inscrivait dans le cadre de la huitième édition du Festival méditerranéen de la culture amazighe «Twiza» dont les travaux ont pris fin, dimanche 15 juillet, à Tanger. Selon les amis et proches de Mohamed Choukri, la création de cette fondation culturelle réalisera le vœu de ce dernier. Très attendu et évoqué pour la première fois lors des obsèques de l'écrivain tangérois, ce projet, qui avait été à l'époque très soutenu par les responsables mais sans pouvoir être réalisé, sera enfin «concrétisé grâce à un partenariat entre le ministère de la culture, la commune urbaine de Tanger et la Fondation du Festival Twiza», affirme Fouad El Omari, maire de Tanger et l'un des principaux fondateurs du Festival Twiza. Par ailleurs et depuis sa mort il y a près de neuf ans, plusieurs rencontres culturelles sont dédiées à l'écrivain tangérois, dont celles consacrées pour la sixième fois consécutive dans le cadre de ce Festival de la culture amazighe. Issu de la région du Rif, plus précisément de Beni Chiker, Mohamed Choukri vient en 1942, alors âgé de sept ans, s'installer avec sa famille à Tanger. N'ayant appris à lire et à écrire qu'à l'âge de 20 ans, il voit, à l'âge de 37 ans, sa vie basculer grâce à la publication de son premier roman «Le Pain nu». Traduit en plusieurs langues, ce célèbre roman autobiographique décrit la vie misérable et instable du jeune Mohamed Choukri dont la grande partie est passée dans les quartiers de l'ancienne médina de Tanger. Il est suivi par d'autres romans et nouvelles dont «Zaman Al Akhtae» (Le temps des erreurs) «Majnoun Al Ward» (Le fou des roses) et «Al Khaima» (La tente). De l'avis des critiques littéraires, Mohamed Choukri a réussi grâce à son œuvre à mieux découvrir une partie de l'histoire de Tanger, où la ville est considérée comme une terre d'accueil pour de célèbres artistes et écrivains tels Paul Bowles, Jean Genet et Tennessee Williams. Les initiateurs de ce projet de la Fondation Mohamed Choukri veulent en faire un lieu de rencontre, qui contribuera à la promotion culturelle de la ville. En plus de son œuvre, les visiteurs peuvent découvrir d'autres talents de l'écrivain tangérois comme celui du chant, son amour pour les icônes de la chanson arabe classique ainsi que son sens de l'humour.