La problématique de l'avortement continue de faire parler d'elle. Lundi 18 juin, le ministre de la santé, Lhuossaine Louardi, répondant à une question du groupe RNI à la Chambre des représentants, a clairement déclaré que la réglementation de l'avortement ne constitue pas une priorité pour le ministère. Pour M. Louardi, la véritable priorité est de donner l'accès aux soins à toutes les patientes. Contacté par ALM, le Pr Chafik Chraïbi, président de l'Association marocaine de lutte contre l'avortement clandestin (AMLAC), affirme que «dès sa nomination, M. Louardi a toujours reconnu que l'avortement constituait la priorité des priorités. Je ne pense pas que ce soit le genre de personne qui fait marche arrière après ses maintes déclarations à la presse. Ce n'est pas non plus le genre de personne qui joue la politique de l'autruche». Et d'ajouter que «le ministre est pour nous un puissant soutien. La preuve est que notre dernier congrès s'est tenu sous son patronage». Le ministre de la santé a reconnu la nécessité de revoir certaines dispositions du code pénal relatives à l'avortement, en l'occurrence l'article 453 sachant que le dernier amendement remonte à 1967. Un assouplissement de l'article 453 du code pénal qui, rappelons-le, n'autorise l'avortement qu'en cas de pathologies maternelles graves pouvant mettre en danger la vie de la mère, constituerait une avancée majeure. Devant les parlementaires, M. Louardi a relevé que la question requiert un «débat profond» entre oulémas, juristes, spécialistes, partis politiques et société civile. Pour le président de l'AMLAC, il est temps de passer à la vitesse supérieure. «Le débat a été ouvert depuis plusieurs années. Un débat profond est un retour en arrière. Nous avons perdu trop de temps. Il faut agir au plus vite», souligne-t-il. L'AMLAC a prévu de mettre en place prochainement une commission chargée de préparer une proposition de loi à destination du Parlement. Cette proposition de loi permettra ainsi d'élargir les conditions d'accès à l'avortement au Maroc. Cette nouvelle législation pourrait alors permettre le recours à l'avortement dans des cas bien précis: en cas de viol, d'inceste, malformations fœtales, filles mineures, femmes âgées de plus de 45 ans, pathologies psychiatriques, vulnérabilité sociale… Rappelons que chaque jour, 800 avortements clandestins sont pratiqués dans notre pays dont 600 médicalisés et 200 non médicalisés. 13% de la mortalité maternelle dans notre pays est liée à l'avortement.