Deux journaux iraniens, Shargh et Yas-e No principaux quotidiens réformateurs, ont été fermés avant la fin de la campagne pour les législatives qui laissent prévoir la victoire des conservateurs. La publication de la lettre adressée au Guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, fut sanctionnée. En effet, les deux journaux ont été fermés du moins provisoirement par les services du redouté procureur de Téhéran. Les autorités leur reproche d'avoir désobéi aux instructions. En effet, le Conseil suprême de la sécurité national a ordonné le silence à la presse et d'ignorer la missive signée anonymement qui reprochait au Guide de jouer un rôle dans la crise politique qui secoue l'Iran. Dans cette lettre rendue publique, les réformateurs font le lien entre le Guide et le Conseil qui a censuré les élections : « la question consiste à savoir comment les membres du conseil des gardiens ont eu l'aplomb de résister à vos ordres ou si, comme en circule la rumeur, malgré certaines déclarations publiques, ils ont obtenu d'une autre manière de votre part la permission qu'ils pouvaient persister dans les rejets illégaux et massifs de candidatures » ont-ils écrit. La campagne s'est officiellement achevée. 46,351 millions d'Iraniens et Iraniennes sont appelés à voter vendredi. Ils doivent choisir parmi les 4737 candidats les 290 nouveaux députés du Parlement. Le Majlis à majorité réformatrice depuis 2000 doit connaître un renouveau. Nul doute, les conservateurs se préparent à prendre leur revanche. Les réformateurs ont finalement renoncé. Ils ont dénoncé la fausseté de la compétition, Khatami a appelé ouvertement les Iraniens à transiger en allant voter contre la minorité conservatrice. « Même s'ils ne peuvent pas envoyer au Parlement ceux qui sont véritablement leurs candidats, ils peuvent empêcher ceux dont ils ne veulent d'y entrer » a déclaré le président réformateur. Or, les organes de contrôle conservateurs n'ont pas lâché prise. Ils ont éliminé la plupart des personnalités réformatrices de la liste. Elles ont été accusées de manquement à l'Islam et à la constitution. Environ 2300 candidats, dont le frère du président, 80 députés sortants et de nombreuses figures de la réforme, furent écartés quatre jours avant les élections. La crise politique provoquée par ces éliminations pèsera en faveur des conservateurs. Et pour cause, le risque d'une abstention inégale. Le boycott du scrutin a été décidé par le principal parti réformateur, le Front de la participation et par le premier syndicat étudiant ainsi que d'autres organes. Khatami sait que «ne pas participer permettra à une minorité de prendre en main la destinée du pays» a-t-il affirmé. Une coalition pour l'Iran fut formée dans l'urgence. Elle est dirigée par le président du Parlement sortant Mehdi Karoubi. Il est parmi les rares réformateurs à avoir échappé à la disqualification. «Nous aurons une minorité au Parlement, composés de gens compétents, des réformateurs et des indépendants que nous soutenons» a avancé Ali Akbar Mohtachami-Pour. Au sein de la coalition, l compte aussi M. Karoubi, membre de l'Association des religieux combattants et réputé pour son extrême mesure. Proche de Kkatami, il a pris sa défense alors qu'on accusait le président iranien de n'avoir pas «atteint tous ses objectifs». Toutefois, avec ses 118 postulants, la Coalition pour l'Iran n'est pas en mesure, à cause du nombre inférieur de ses représentants de pourvoir aux 30 sièges de Téhéran et les 290 sièges en Iran.