La dynamique organisationnelle engagée par l'USFP depuis la démission de Abderrahman Youssoufi de la vie politique, suscite l'intérêt d'une partie de l'opinion publique qui y voit un retour en force des apparatchiks. La dynamique organisationnelle engagée par l'USFP au niveau de ses structures nationales et de ses actions dans les différents domaines, a suscité bon nombre de réactions au niveau de l'opinion publique nationale. Certains sont allés même jusqu'à y voir une sorte d'appel en faveur d'une nouvelle révision de la Constitution. Une thèse qui tient plus des discussions des cafés de commerce que des instances dirigeantes et responsables de ce parti. Bien entendu, depuis les événements derniers du ramadan et la plate-forme du 28 novembre, il est devenu courant de voir le Premier secrétaire de l'USFP, Mohamed Elyazghi, faire des interventions au niveau de la presse et redoubler d'efforts sur le plan de la communication. Bon nombre de ses proches collaborateurs estiment que l'action du gouvernement souffre de l'absence d'une dimension politique qui transcende les aspects administratifs de son fonctionnement. Dans le même ordre d'idées, une dynamique non moins importante s'est distinguée au niveau des réunions des instances dirigeantes (Commission administrative et Conseils provinciaux), sectorielles (Jeunesse, femmes, députés et membres du gouvernement) et thématiques (action communale, communication, relations étrangères, etc…) de ce parti. Sachant que ce dernier a connu une nette régression au niveau de sa mobilisation durant ces dernières années. Une régression qui avait, selon M. Elyazghi, une part de responsabilité dans la non-reconduction d'un dirigeant du parti à la tête du gouvernement. Car, «si l'USFP disposait de 80 sièges au Parlement», elle aurait été aisément reconduite à la Primature, mais avec deux voix de plus par rapport à ses concurrents directs pour ce poste, cette mission était difficile. A cette faille intrinsèque à la mobilisation du parti, s'ajoute une autre non moins importante qui consiste en l'absence de coordination préalable à ce sujet. Et de laisser entendre que l'ex-Premier secrétaire Abderrahman Youssoufi, n'avait pas entamé les démarches nécessaires pour préserver son poste en tant que Premier ministre. Cela dit, force est de constater que dans leurs discours, bon nombre de décideurs socialistes digèrent difficilement ce fait accompli. Devant le Comité central de la Chabiba ittihadia, le Premier secrétaire de l'USFP a tenu à inscrire les nouvelles démarches de son organisation dans le cadre d'un nouveau sursaut qui vise à rétablir la confiance entre les responsables et les militants de base et marquer le mandat du bureau politique actuel par plus de transparence et de coordination dans la gestion des affaires publiques et partisanes. Contrairement à des déductions hâtives qui ont évoqué une éventuelle demande de réformes constitutionnelles, M. Elyazghi était, on ne peut plus, clair devant la jeunesse de son parti : « c'est une question qui relève de la volonté du prochain congrès national du parti », dit-il. Pour l'instant, l'essentiel est de relever le degré de la mobilisation au niveau des exigences de la conjoncture, notamment en redéployant plus d'efforts pour la réussite de la transition démocratique. Une expérience de plus en plus menacée par le terrorisme et la corruption politique. Cela dit, au vu du communiqué de la Chabiba ittihadia, des dernières réunions de ses élus et membres du gouvernement, et de ses initiatives récentes relatives à la saisie de l'Instance Equité et Réconciliation des dossiers de Mehdi Ben Barka, Omar Benjelloun, Mohamed Grina et du colis piégé adressé à M. Elyazghi en janvier 1973, il y a lieu de déduire que l'USFP est en passe de renouer avec son passé de lutte. Mais, dans des conditions nouvelles, qui n'occultent pas son positionnement au gouvernement et au Parlement. Le message est clair : donner un contenu moral à l'action du parti et renouer avec les traditions militantes, à commencer par les membres du gouvernement qui doivent être, également, comptables de leurs actes devant le Parti. La réforme commence par soi-même.