Oujda qui a souvent accueilli les rencontres bilatérales et multilatérales à divers niveaux pour édifier le socle de l'unité maghrébine donne actuellement l'impression d'une ville frustrée par une promesse non tenue. Oujda qui a souvent accueilli les rencontres bilatérales et multilatérales à divers niveaux pour édifier le socle de l'unité maghrébine donne actuellement l'impression d'une ville frustrée par une promesse non tenue. Elle, qui devait logiquement devenir la plate-forme modèle d'une construction unitaire harmonieuse où les potentialités de chacun des deux pays voisins étaient appelées à se compléter, à s'équilibrer dans un projet commun concerté et mutuellement bénéfique, la voilà qui se rabat, pour sa survie, sur les pratiques commerciales les moins organisées et les plus précaires: contrebande, économie informelle, paupérisation, trafics en tous genres. Le reportage de notre envoyé spécial à Oujda, Abdallah Chankou, coïncide avec le treizième anniversaire de la création de l'Union du Maghreb Arabe (UMA) évoqué très timidement dans l'actualité. La coïncidence est cependant très significative, si l'on tient compte du fait que Oujda et la région de l'Oriental en général sont les victimes directes de la fermeture des frontières entre l'Algérie et le Maroc, censés être les pays moteurs de la dynamique de l'Union. Car, c'est un fait patent et intangible, la lenteur, voire le blocage de la construction de l'unité maghrébine est imputable avant tout aux contentieux imposé par le régime algérien à la nation marocaine sur le dossier de l'intégrité territoriale du royaume. Les dernières déclarations du chef de l'État algérien dans un journal parisien faisant un grave et tendancieux amalgame entre l'occupation du Koweit par l'Irak et la récupération par le Maroc de ses provinces du Sud ne sont certainement pas faites pour lever les équivoques à ce sujet. Or, c'est une ville et une région riches d'un potentiel humain formidable, d'une diversité économique inhérente à la nature du relief, à la proximité de la mer et de l'Europe, à la richesse du sous-sol, et aussi à une formidable assise financière qui se traduit par un volume de dépôts bancaires phénoménal. La valorisation de tout ce potentiel passe obligatoirement par une meilleure organisation des services de l'État au niveau provincial et régional, ainsi qu'à une attitude plus audacieuse et plus responsable des collectivités territoriales. Tant il est vrai que cette région, compte tenu de son histoire te de sa position géographique, est naturellement candidate à illustrer les nouvelles ambitions du Maroc en matière de développement régional décentralisé et à donner un contenu et une consistance à l'inévitable projet unitaire maghrébin lorsque nos voisins algériens cesseront objectivement de craindre la contamination d'une pratique démocratique en plein essor juste à côté de leurs frontières.