Une «Lettre d'Amérique», signée par soixante intellectuels américains, enseignants, pour la plupart, dans des universités des Etats-Unis, explique et justifie l'engagement de leur pays dans la guerre qui a suivi les attentats du 11 septembre. Démocrates et conservateurs modérés se sont associés pour ce plaidoyer -dont «Le Monde » a publié la traduction - qui proclame : «Il arrive que la guerre soit non seulement moralement permise mais moralement nécessaire, pour répondre à d'ignominieuses démonstrations de violence, de haine et d'injustice. C'est le cas aujourd'hui ». Les signataires dénoncent l' « islamisme radical » tout en s'adressant à la majorité du monde musulman : «Nous ne devons pas être ennemis». Ils commencent tout d'abord par souligner qu' « il est parfois nécessaire pour une nation de se défendre par les armes ». « Parce que, estiment-ils, la guerre est une affaire sérieuse, entraînant le sacrifice de précieuses vies humaines, la conscience exige que ceux qui la font expriment clairement le raisonnement moral qui sous-tend leurs actes, afin que les parties en présence et le monde entier soient avertis, sans ambiguïtés, des principes qu'ils défendent ». Evoquant les attentats du 11 septembre, les signataires avouent ne pas connaître en profondeur les motivations de leurs agresseurs et de leurs sympathisants, mais ils en déduisent que ceux-ci visaient non seulement leur gouvernement, mais leur société tout entière (…). Et d'affirmer quelques « vérités fondamentales qui s'appliquent à tous les peuples sans distinction ». A savoir que tous les êtres humains naissent libres et égaux en droits et en dignité. Le sujet fondamental de la société est la personne humaine, poursuivent-ils, en ajoutant qu'un gouvernement « a pour rôle légitime de protéger et d'entretenir les conditions de l'épanouissement humain». Une autre « vérité » est que la liberté d'opinion et la liberté de culte sont des droits inviolables de la personne humaine et « tuer au nom de Dieu est contraire à la foi en Dieu ». Les signataires affirment se battre pour se défendre et pour défendre ces principes universels. Vient ensuite le plaidoyer en faveur des valeurs américaines et c'est l'occasion pour les signataires de s'engager à faire « tout leur possible » pour écarter les malencontreuses tentations - arrogance et chauvinisme notamment - auxquelles les nations en guerre semblent si souvent céder. Dans le même temps, ils affirment qu'il est «crucial pour (leur) nation de gagner cette guerre ». « Nous combattons pour nous défendre, mais nous croyons aussi nous battre pour défendre les principes des droits de l'homme et de la dignité humaine qui sont le plus bel espoir de l'humanité», écrivent-ils. Pour équilibrer leur « papier », ils reconnaissent que leur notre nation «a parfois fait preuve d'arrogance et d'ignorance envers d'autres sociétés» et qu'elle a parfois conduit des politiques mal orientées et injustes, déviant à ses propres idéaux. Un jour, cette guerre finira. Mais nous savons que seuls les pacifistes, ici comme ailleurs, pourront faire en sorte que cette guerre n'aura pas été vaine. Enfin, ils s'adressent à leurs « frères et sœurs des sociétés musulmanes», pour leur dire : «nous ne sommes pas vos ennemis, mais vos amis. Nous ne devons pas être ennemis. Nous avons trop de points communs (…).