Enfant, il avait dit à son père : «un jour, je serai capitaine». En 1995, Jacques Chirac devient Président de la République française. Un mandat qu'il briguera une seconde fois en avril. La victoire de Jacques Chirac en 1995 est l'aboutissement d'une longue carrière entamée au début des années soixante. Après des études à l'ENA, une brève carrière militaire durant la guerre d'Algérie, Jacques Chirac obtient à l'âge de 30 ans, en 1962, la fonction de chargé de mission au cabinet du Premier ministre Georges Pompidou. Celui-ci envoie bientôt son «poulain» dans un fief socialiste en tant que candidat aux élections législatives de 1967 dans la circonscription d'Ussel, en Corrèze (Centre). Depuis 1965, ce jeune bourgeois -qui fut un temps attiré par la gauche- y est déjà conseiller municipal, dans le petit village de Sainte-Féréole. C'est en Corrèze qu'il fait ses premiers pas d'homme publique en allant à la rencontre de ses électeurs, en grande majorité des agriculteurs. La Corrèze -sa terre familiale et celle de son épouse Bernadette (depuis 1956)- dont il est le président du Conseil général puis le député, devient peu à peu son fief, son assise électorale dans la France dite «profonde», provinciale et rurale. Fidèle à Pompidou, Jacques Chirac accède aussi au poste de secrétaire d'Etat aux Affaires sociales de 1967 à 1968. Puis il devient secrétaire d'Etat à l'Economie et aux Finances de 1968 à 1971, et enfin ministre de l'Agriculture en 1972. En 1974, Jacques Chirac mène avec brio la campagne électorale de Valéry Giscard d'Estaing (centriste) au détriment du gaulliste Jacques Chaban-Delmas, représentant de sa famille politique. Qualifié de traître, il obtient le poste de Premier ministre auprès du nouvel élu Giscard d'Estaing. Et deux ans plus tard, il claque la porte pour… «mésentente». Le «bulldozer» comme le surnommait Georges Pompidou, lance alors son propre parti, le Rassemblement pour la Répu-blique (RPR) et s'intéresse à la mairie de Paris, son nouveau défi contre Valéry Giscard d'Estaing. Il en est le maire de 1977 à 1995, un «règne» qui lui vaut d'être impliqué dans de nombreuses «affaires»... Puis vient 1981 et l'élection du leader socialiste François Mitterrand. Jacques Chirac s'impose alors comme chef de l'opposition de droite et devient le premier ministre inévitable de la première cohabitation de 1986 à 1988. Une expérience qu'il refuse de revivre en 1993. Laissant Edouard Balladur assumer le rôle de cette seconde cohabitation, il prépare son retour lors de la prochaine échéance électorale de 1995. Battu à deux reprises par son rival de gauche François Mitterrand -ce qui fera dire à son épouse en 1988: «les Français n'aiment pas mon mari»- Jacques Chirac affronte cette fois-ci Lionel Jospin et son ancien ami Balladur. Et il gagne. Dès le début de son mandat, Jacques Chirac s'éloigne pourtant des affaires intérieures que son Premier ministre Alain Juppé est chargé de gérer. Défenseur du «pacte républicain» gaulliste, Jacques Chirac se retrouve en 1997 avec une nouvelle cohabitation forcée après avoir provoqué des élections législatives et la débâcle de la droite. Lionel Jospin devient Premier ministre. Il sera aussi son adversaire «probable» dans trois mois.