Le blocage total du processus référendaire a amené le Maroc à accepter la troisième voie proposée par Baker. Quand le Maroc a appelé à la tenue d'un référendum dans les provinces du Sahara, c'était le tollé général. Personne ne comprenait le pourquoi d'une telle initiative. Ceux qui voyaient plus loin avaient saisi le message. C'était en 1981. Que de chemin parcouru depuis, pour arriver finalement à la troisième voie, proposée en mai 2000 par les Nations-Unies. C'est à cette date que Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU, a reconnu que le référendum s'avère désormais impraticable du fait de l'impossibilité de résoudre l'équation du recensement des électeurs. Et James Baker, son envoyé spécial au Sahara lançait l'idée d'une troisième voie. Cette troisième voie vise à intégrer les provinces du Sahara dans le Royaume du Maroc devenu fédéral, et donner une large autonomie administrative à ces provinces, dans le cadre de la souveraineté marocaine. L'idée de la régionalisation adoptée par le Maroc dans sa gestion des affaires locales, et son découpage administratif donnent un avant goût de ce que deviendraient les provinces du Sahara une fois la troisième voie adoptée. Chose que le Polisario a refusée conscient qu'il est de la gravité d'une telle option sur son existence en tant que mouvement sécessionniste et en tant que porteur de visées algériennes peu amènes à l'égard de l'intégrité territoriale du Maroc. "Chaque fois que nous proposons une solution, une nouvelle difficulté surgit, qui appelle une série de longues consultations", avait justement déclaré M. Annan après le refus obstiné du front Polisario. Le constat a été effectué par James Baker aussi. La conférence convoquée à Londres le 14 mai 2000 n'a pas permis de trouver un quelconque compromis entre les parties. L'Algérie pesait de son poids pour compromettre l'avancement des pourparlers… Au fait, le projet marocain prévoit de déléguer aux Sahraouis une partie des affaires locales, essentiellement dans les domaines sociaux et culturels. En matière économique, Rabat propose de confier aux Sahraouis 20 % des recettes prélevées localement par l'Etat (les richesses halieutiques constituant la principale source de revenus). En revanche, les Sahraouis ne jouiraient d'aucun élément constitutif d'une quelconque souveraineté : la diplomatie, la défense, les douanes seraient du seul ressort du Maroc. C'est cette idée qu'a toujours défendue le souverain défunt, SM Hassan II lorsqu'il disait que tout peut être négocié sauf ce qui touche aux éléments constitutifs de la souveraineté. Mais Baker presse le Maroc d'aller plus loin dans les «dévolutions de souveraineté» au Polisario, afin de pouvoir rendre cette solution acceptable pour les Sahraouis Soutenue par Paris et Washington, la troisième voie, qui suppose un dialogue direct entre le Maroc et le Polisario, est toujours rejetée par ce dernier. Le Polisario, qui la considère trop favorable au Maroc, y voit une «spoliation des droits du peuple sahraoui». De son côté, l'Algérie reste attachée au référendum. Le blocage total du processus référendaire, a amené les dirigeants marocains à se prononcer en faveur de cette «troisième voie» proposée par James Baker, le Monsieur Sahara de Kofi Annan, le secrétaire général de l'ONU. SM le Roi Mohammed VI a, toujours, affirmé que l'intégrité territoriale était la priorité première du royaume. Il est donc hors de question qu'une autre solution qui mettrait en doute cette donné-là soit acceptée par le Maroc. Il est aussi hors de question que le Maroc renonce à ce qu'il considère son droit, à savoir la récupération des provinces du Sud. Les rumeurs qui avaient circulé il y a quelque temps sur une nouvelle option que voudrait proposer M. Baker, à savoir un mandat des Nations Unies, à l'instar de celui qui a été mis en place au Kosovo, avec un administrateur envoyé par Rabat, se sont avérées sans fondement. Comme c'est le cas maintenant avec cette fumeuse quatrième voie.