Une fois n'est pas coutume, je vais essayer d'être sérieux. Rassurez-vous, le sujet que j'ai choisi pour vous aujourd'hui est loin d'être triste, mais vous devez aller jusqu'au bout de mes pérégrinations sémantiques, et lire ce billet jusqu'à la fin. Une fois n'est pas coutume, je vais essayer d'être sérieux. Rassurez-vous, le sujet que j'ai choisi pour vous aujourd'hui est loin d'être triste, mais vous devez aller jusqu'au bout de mes pérégrinations sémantiques, et lire ce billet jusqu'à la fin. La question que je vais aborder avec vous est d'une brûlante actualité : la liberté de la presse a-t-elle des limites? Comme vous savez, chez nous, à chaque fois qu'on parle de liberté, on la lie, automatiquement, à la responsabilité. Il paraît que l'une ne peut aller sans l'autre. J'ai participé tout récemment à une table ronde qui tournait, justement, autour de cette problématique, et je puis vous assurer que malgré toute la bonne volonté et la grande expertise des participants et des participantes, à la fin, nous n'étions pas plus éclairé(e)s qu'avant. Si vous voulez mon opinion personnelle, je crois que si depuis des années on tourne un peu en rond, c'est parce qu'on n'a jamais osé aller jusqu'au bout de nos délires, et répondre une fois pour toutes à cette interrogation incontournable, imparable, essentielle et existentielle : jusqu'où avons-nous le droit d'être fous ? Posée comme ça, cette question peut vous paraître quelque peu incongrue, pourtant je suis intimement persuadé que c'est le fondement même de la démocratie dite moderne. Et la responsabilité dans tout ça ? Me demanderiez-vous. Eh bien, je vais vous répondre : être responsable, c'est ne pas outrepasser ses responsabilités. Pour illustrer mon propos, je vais vous raconter une anecdote qui nous a été narrée lors de cette rencontre par une grande et néanmoins très charmante journaliste, anecdote qu'elle a vécue dans l'exercice de ses fonctions. Un jour, elle est allée couvrir un événement assez insolite, à savoir une grève de la faim d'agents du port, le jour de la fête du mouton. C'est vrai qu'il faut être un peu taré pour se priver de choses aussi délicieuses, mais c'est aussi, ça, la liberté. Arrivée sur place, et alors qu'elle s'apprêtait à interroger quelques grévistes et prendre quelques photos, elle fut empêchée par le caïd du coin qui l'a invitée tout bonnement à déguerpir et à le laisser faire son travail. Et quand elle lui a rappelé qu'elle était là, elle aussi, pour faire son travail, il lui a sorti cette phrase anthologique : «Prenez vos responsabilités et partez d'ici !». Oui, c'est rigolo, et je ne vous cache pas qu'en entendant ça, toute la salle a éclaté de rire, pourtant, avec cette si surprenante interjection, notre caïd a posé, sans probablement en être conscient, les termes fondamentaux du débat qui doit être le nôtre aujourd'hui: de quelles responsabilités parle-t-on ? Autrement dit : qui est responsable de quoi ? En attendant que quelqu'un de «responsable» veuille bien nous répondre, je voudrais finir ce billet sur quelque chose qui n'a a absolument rien à avoir : la photo qui a été publiée sur certains sites Internet, et même sur certains journaux et qui représente une de nos honorables députées, sûrement éreintée par de longues heures de palabres, bien affaissée dans son siège, les jambes allongées et les pieds sans souliers. Alors, d'après vous, avait-on le droit de prendre cette photo, et, bien sûr, avait-on le droit de la publier ? Ne me parlez pas surtout de «vie privée» puisque notre parlementaire était sur le lieu même de son travail. Moi, j'ai ma petite idée, mais vous, est-ce que vous pouvez me dire, franchement, dans ce cas précis, où commence la responsabilité de la députée et où finit celle du journaliste ? Ne répondez pas trop vite, nous avons tout notre temps. En attendant, bon week-end les irresponsables, et bon repos les autres.