Cette semaine le ministre de la santé a été interpellé au sujet des erreurs médicales par les parlementaires. Et par coïncidence, au même moment, une nouvelle affaire pointe à l'horizon. Une affaire de décès dans une clinique qui renvoie directement à une autre, celle de Sakina Yacoubi qui est encore dans nos mémoires. Le débat sur les erreurs médicales revient sur le devant de la scène. Cette semaine le ministre de la santé a été interpellé à ce sujet par les parlementaires. Et par coïncidence, au même moment, une nouvelle affaire pointe à l'horizon. Une affaire de décès dans une clinique qui renvoie directement à une autre, celle de Sakina Yacoubi qui est encore dans nos mémoires. Les faits remontent à 2004. La victime âgée de 49 ans, cadre dans un établissement public à Safi, souffrait d'une sciatique. Elle avait été admise à la neuroclinique de Casablanca pour une opération. Une intervention chirurgicale qui lui a coûté la vie. Cause du décès : «Arrêt cardiaque survenu suite à une fibrillation ventriculaire avec inefficacité circulatoire», avait indiqué le rapport établi par l'anesthésiste. La famille avait alors accusé l'équipe médicale d'avoir opéré Sakina dans la précipitation. En effet, la victime avait pris son petit déjeuner le matin et, de ce fait, l'opération constituait un danger pour elle. De plus, la clinique n'avait procédé, selon le dossier de la plainte, à aucun des examens pré-opératoires requis dans ce genre d'opérations: ionogramme, électrocardiogramme, glycémie et numérotation de la formule sanguine. Ce qui n'a pas empêché Dr A.H, chirurgien neurologue, de l'opérer. Dans cette affaire, le tribunal de première instance de Casablanca avait décidé 4 ans plus tard d'acquitter le Dr A.H, et A.F, anesthésiste réanimateur. A la suite de ce jugement, Touria Yacoubi, la sœur de la victime, qui s'est battue pendant toutes ces années pour que justice soit rendue, ne compte pas baisser les bras. «Je vais adresser une demande de révision du dossier au ministre de la justice en raison de l'injustice flagrante et de la collusion de plusieurs personnes pour tenter de protéger le médecin en question». Et d'ajouter que «le verdict a été prononcé à huis clos sans que je sois avisée» en s'interrogeant «comment le juge peut-il prononcer son verdict sans expertise médicale et en ne prenant en compte que les propos du chirurgien sans chercher à savoir ce qui s'est réellement passé». Mme Yacoubi est convaincue que «le procès a été sciemment bâclé» sans en connaître les dessous. Contacté par ALM, le médecin en question a refusé de se prononcer, jugeant le dossier clos depuis 2008. «Je n'ai aucune déclaration à faire sur ce dossier qui est clos. La justice a dit son mot dans cette affaire. C'est mon avocat qui est habilité à se prononcer sur ce sujet», a-t-il déclaré. Mais si Mme Yacoubi revient aujourd'hui à la charge et avec manifestement plus d'assurance et de volonté, elle le fait en s'appuyant sur un autre cas de décès qui est, lui, plus récent. Un malade qui a manifestement été opéré dans la même clinique, par le même médecin et qui a succombé sur la table d'opération. Tout en confirmant les circonstances du décès, le lieu de l'opération et l'identité du médecin, qui se trouvent être les mêmes que pour le cas Yacoubi, la famille de cette dernière victime, contactée par ALM, n'a pas souhaité se prononcer quant à la suite qu'elle compte donner à cette affaire. Et quand bien même elle intenterait une action en justice, il est peu probable qu'elle ait gain de cause. C'est qu'il est difficile aujourd'hui, au Maroc, de prouver l'erreur médicale. Et ce n'est pas Lhoussaine Louardi qui dira le contraire. Le ministre de la santé a indiqué, mardi, à la Chambre des conseillers que «la responsabilité de l'erreur médicale reste difficile à déterminer, car ignorée par la Législation marocaine qui, à la différence des législations d'autres pays, l'a reléguée au domaine des règles de conduite relatives à la responsabilité civile». M. Louardi a reconnu que les règles sont encore floues en matière d'erreurs médicales. Cela dit, il existe, selon le ministre, plusieurs mesures relatives à la protection et la prévention telles que les inspections dans les cliniques privées, le contrôle qu'exerce l'Inspection générale du ministère de la santé sur les hôpitaux publics, ainsi que les enquêtes sur les plaintes reçues qui relèvent de son département pour les médecins exerçant dans les hôpitaux publics et de l'Ordre national des médecins pour les médecins du secteur privé. Un avis qui n'est pas partagé par Mme Yacoubi qui fait constat d'absence de contrôle. «Le ministère de la santé a une responsabilité. Comment cela se fait-il qu'il n'y ait pas de contrôle et de suivi», déplore-t-elle.