Les bébés étaient vendus par cette religieuse à des familles européennes et principalement espagnoles en contrepartie de sommes allant de 3500 à 9000 DH. Inimaginable mais pourtant vrai. Des milliers de bébés ont été volés et vendus à des familles espagnoles. Ce scandale refait surface depuis quelques jours. Une religieuse espagnole, Maria Gomez Valbuena, a été convoquée, jeudi dernier, par un juge de Madrid qui enquête sur le vol d'une petite fille en 1982 dans un hôpital de Madrid. Maria est ainsi la première personne poursuivie dans cette affaire sordide. Cette religieuse est la cible de dizaines d'accusations dans ce scandale. Agée de 87 ans, elle est accusée de détention illégale de mineurs et falsification de documents officiels. Dans cette affaire, les nourrissons auraient été enlevés à leur mère, quelques heures après leur naissance, pour être vendus par la suite à des couples stériles. L'association espagnole Anadir estime que 300.000 bébés ont pu être volés pendant la dictature de Franco, entre 1939 et 1975 et jusque dans les années 1980. Le trafic de bébés s'appuyait sur des réseaux impliquant plusieurs personnes : des gynécologues, des infirmiers, des sages-femmes, des chauffeurs de taxi, des avocats et des gens d'église. Selon l'association Rif des droits de l'Homme, sur les 300.000 bébés, plus de 25.000 d'origine marocaine auraient été vendus clandestinement depuis 1975. Une religieuse espagnole, Mercedes Hoces, vivant à Mellilia est à la base de cet important trafic. D'après l'ONG, les bébés étaient vendus par cette religieuse à des familles européennes et principalement espagnoles en contrepartie de sommes allant de 3500 à 9000 DH. Toujours selon l'association, des femmes enceintes marocaines se rendaient à Mellilia pour accoucher au Centre hospitalier de la Croix-Rouge. Bon nombre d'entre elles qui portaient des enfants illégitimes refusaient de se faire avorter pour des raisons religieuses. Désemparées et très pauvres, elles auraient confié leurs bébés à cette religieuse qui leur promettait de les élever dans des orphelinats ou de les placer dans des familles d'adoption en Espagne. C'est du moins ce que révèle cette ONG. Difficile de savoir ce qui s'est réellement passé. Toujours est-il que l'ONG a demandé l'ouverture d'une enquête concernant les bébés marocains. A ce jour, 1.414 plaintes ont été déposées dans toute l'Espagne. La réaction du gouvernement espagnol ne se fait pas attendre. Celui-ci a donné son accord pour l'ouverture d'un vaste organisme de recensement qui sera chargé de regrouper toutes les informations concernant les victimes (nom, date de naissance, hôpital de naissance et ADN). La mise en place d'une banque d'ADN, où seront réunis tous les tests, permettra de recouper les données et de découvrir les liens familiaux entre les donneurs. Jusqu'à présent, seules 12 femmes ont pu retrouver leurs enfants, la majorité d'entre elles grâce aux émissions d'avis de recherche de la télévision.