Lorsque l'appareil judiciaire est bancal, l'application de la peine capitale est remise en cause. Son abolition limiterait les dégâts. «Nul ne sera soumis à la torture, ni à des peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants », stipule la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Elle revendique le droit de chaque individu à la vie. Le Maroc a certes ratifié cette convention, mais la réserve d'un état souverain persiste et la peine de mort continue d'appartenir au corpus du code pénal. «Pour nous, à l'AMDH, nous avons une position large qui émane de la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme, qui reconnaît le droit à la vie. Nous sommes opposés à la peine de mort. Malheureusement, au Maroc, dans la législature et dans la loi marocaines, elle existe », précise M. Mohamed Elboukili, membre du bureau central de l'Association Marocaine des Droits de l'Homme (AMDH). La revendication à ce niveau est claire : « des lois qui interdisent la peine de mort ». Lorsque l'organisation tente des approches avec les centres décisionnaires du pays, les réponses ne varient pas. « La peine de mort est presque inexistante », réplique-t-on. Certes, il est vrai que depuis, le 9 août 1992, l'exécution de Tabit, le passage de la condamnation à la pratique de la peine capitale est plutôt rare. Auprès du ministère de la Justice, on estime à moins de 110 personnes, le nombre des condamnés à mort. Et en 1994, à l'occasion de la fête du trône, 200 détenus ont « bénéficié » d'une reconversion de peine, à la réclusion à perpétuité. Toutefois, comme ne manque pas de le souligner Mohamed Elboukili : « la réponse n'est pas légale. Puisque cette peine subsiste sans les garanties d'un procès équitable, pour ce châtiment irréversible. Alors, le droit à la vie n'est pas respecté. Le droit suprême auquel on ne peut pas déroger ». Radicalisation reste le maître mot pour la qualification de la peine capitale. Pour ceux, pour qui la peine capitale est un acte de légitime défense face à une menace de mort imminente, une précision s'impose. Brutalement, c'est tout simplement, pour utiliser le même jargon des pénalistes : un meurtre prémédité sur une personne incarcérée. C'est également persister dans l'utilisation de moyens radicaux. Dans le même ordre d'idées, selon un extrait du texte, « la peine de mort dans le monde - Quand l'Etat assassine, d'Amnesty International en mars 1989, y est démonté cet argumentaire. Aussi, il y est énoncé que : «quelle que soit la raison invoquée par un gouvernement pour exécuter des prisonniers et quel que soit le mode d'exécution utilisé, la peine de mort ne peut être séparée de la question des droits de l'homme, de même que le mouvement en faveur de son abolition ne peut être séparé de la lutte pour les droits de l'homme.» Et c'est bien de cette lutte, qu'il s'agit. En effet, il se trouve que les doléances des membres des associations pour l'établissement des droits humains, au Maroc, noient dans la multitude de leurs revendications (d'ordre politique, social, économique et culturel), la dénonciation et par delà l'abolition de la peine capitale. « On ne soumet pas l'abolition de la peine de mort directement. Pour être franc, nous ne faisons pas de campagnes directes à ce sujet. Mais, il n'est pas exclu que nous entreprenons des actions avec les autres ONG et organismes civiques », reconnaît le représentant de l'AMDH.