«A ma connaissance, les prothèses de hanches ASR ne sont pas commercialisées au Maroc. Je peux vous assurer qu'aucun chirurgien orthopédiste n'a placé ce genre de prothèse sur un patient». L'affaire des prothèses de hanche ASR du fabricant DePuy continue de susciter la polémique en France. Face à ce nouveau scandale sanitaire, l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps) a réagi en publiant de nouvelles recommandations. L'agence préconise un suivi particulier des patients porteurs de ce type de prothèses. Les chirurgiens orthopédistes devront rappeler leurs patients pour contrôler tout risque de complications. Un courrier leur a été adressé pour informer leurs patients et les revoir pour détecter d'éventuelles complications. En l'absence d'anomalie clinique ou radiologique, les recommandations de l'Afssaps portent sur le suivi habituel des porteurs de prothèses de hanches ASR. Toutefois, un suivi particulier, annuel et prolongé jusqu'à 10 ans, est recommandé pour certains patients, notamment les porteurs de prothèses dont la tête fémorale est d'un diamètre supérieur ou égal à 36 mm. Il en va de même pour les patients dont les éléments de prothèse ne sont pas alignés de façon optimale et les patients souffrant d'insuffisance rénale. Toutes ces personnes devront passer un examen clinique et radiologique annuel jusqu'à 10 ans. En France, 308 personnes sont porteuses de ces prothèses. Et on estime que des centaines de milliers de patients pourraient avoir été exposés à des taux importants de métaux toxiques dus à ces prothèses défectueuses. Au Maroc, on ignore toujours si ce genre de prothèse existe en l'absence d'informations provenant de la direction de la pharmacie et du médicament. Contacté par ALM, Pr Farid Ismail, président de la Société marocaine de chirurgie orthopédique et traumatologique (SMACOT), rassure. «A ma connaissance, les prothèses de hanches ASR ne sont pas commercialisées au Maroc. Je peux vous assurer qu'aucun chirurgien orthopédiste n'a placé ce genre de prothèse sur un patient», confirme Pr Ismail tout en relevant que «ces prothèses coûtent très cher. Si elles étaient moins onéreuses, elles auraient pu être commercialisées dans notre pays». Toutefois, ce chirurgien tient à rappeler que «bien avant la fabrication des prothèses ASR et plus précisément dans les années 70, les prothèses de hanches métal-métal existaient dans notre pays et certains chirurgiens y avaient eu recours». Ce chirurgien ne cache pas que ces prothèses présentent certains avantages malgré leurs inconvénients. «Les prothèses à couple de frottement métal-métal sont plus solides que les autres prothèses», note Pr Ismail. A cela il faut ajouter qu'un nombre réduit de porteurs de ces prothèses peuvent développer des réactions indésirables pouvant être liées aux débris d'usures métalliques. Cela dit, le principal danger provient du couple métal sur métal, qui lors des frottements a l'inconvénient majeur de libérer des ions métalliques. Outre des réactions locales qui peuvent détruire les muscles et l'os, les particules métalliques peuvent s'infiltrer dans la circulation sanguine. L'affaire des implants mammaires PIP puis des prothèses de hanches défectueuses remet sur le devant de la scène la question de la sécurité des dispositifs médicaux. Une réglementation urgente s'impose. Celle-ci permettra ainsi de réglementer la procédure d'enregistrement, d'importation, de distribution et de vente de ces produits.