Des centaines de milliers de patients pourraient avoir été exposés à des taux importants de métaux toxiques dus à ces prothèses défectueuses. Nouveau scandale sanitaire. Après les implants mammaires PIP, c'est au tour des prothèses de hanche. Le 27 février 2012, le quotidien français Le Figaro révèle dans un article intitulé «Les vices bien cachés d'une prothèse de hanche» que les prothèses de hanche ASR, fabriquées par DePuy Orthopaedics, filiale de la société américaine Johnson & Johnson et commercialisées de 2003 à 2010 «se sont avérées défectueuses, entraînant un taux de reprise anormalement élevé et provoquant la libération de particules métalliques dans l'os et le sang des patients» avant d'ajouter que «le fabriquant américain a tout fait pour la garder sur le marché en dépit de signaux inquiétants». Selon le journal, ce scandale aurait pu passer inaperçu si Johnson & Johnson «ne venait de provisionner trois milliards de dollars en prévision des procès à venir». La situation est alarmante comme le témoigne les résultats d' une étude menée par le British Medical Journal (BMJ). Dévoilée il y a quelques jours, cette étude révèle que des centaines de milliers de patients pourraient avoir été exposés à des taux importants de métaux toxiques dus à ces prothèses défectueuses. Les prothèses ASR ont la particularité d'associer un couple métal sur métal, qui lors des frottements a l'inconvénient majeur de libérer des ions métalliques. Cela dit,BMJ précise que «l'incertitude entoure la toxicologie des ions métalliques dans le corps ». A noter qu'outre des réactions locales qui peuvent détruire les muscles et l'os, les particules métalliques peuvent s'infiltrer dans la circulation sanguine. Au Maroc, c'est le silence radio. Contacté par ALM, le Dr Omar Bouazza, directeur de la direction du médicament et de la pharmacie au ministère de la santé préfère ne pas se prononcer sur le sujet pour l'instant. Pour leur part, les orthopédistes déclarent ne pas disposer d'information sur le sujet. «J'ignore si ces prothèses existent réellement au Maroc. Personnellement, je ne les ai jamais utilisées sur mes patients», affirme Dr Rachid Alami, orthopédiste. Dans l'attente d'une réaction de la part du ministère de la santé, un sentiment de panique prend place chez les personnes concernées. Une fois de plus malgré les risques connus, les patients ont été laissés dans l'ignorance. Et aujourd'hui c'est leur santé qui est en jeu. Rappelons que les prothèses ASR ont été introduites dans le monde en 2003 et en France en 2004. Selon l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, près de 93.000 prothèses ASR ont été posées dans le monde dont 380 en France.