Détracteur de tout processus de paix au Proche-Orient, Ariel Sharon a montré à maintes reprises -militairement et politiquement- ses convictions extrémistes envers la question palestinienne. Ariel Sharon est né Ariel Scheinerman («bel homme») en 1928, dans le village de Kfar Malal, au Nord de Tel-Aviv, dans une famille venue d'Union soviétique en 1922. La première étape de son parcours commence en 1948 lorsqu'il entre dans une unité de la police – future Tsahal - chargée d'assurer la protection des points de peuplement juif. Devenu officier de renseignement, il entame en 1952 des études d'histoire et d'orientalisme à l'Université hébraïque de Jérusalem. C'est alors que l'état-major vient le chercher en 1953 pour créer la fameuse Unité 101, brigade blindée de l'armée chargée de mener des actions de représailles derrière les lignes ennemies. Ses méthodes -12 morts dans un camp de réfugiés de la bande de Ghaza en août 1953, et un second massacre en octobre (69 morts) au village de Qibyia en Cisjordanie- excède cependant ses supérieurs et sa promotion semble compromise pour des années. Il commande pourtant la brigade des Golani, puis les blindés dans le Sinaï en 1967. Pendant la guerre du Kippour en 1973, il se retrouve à la tête de 27 000 hommes, qui franchissent le canal de Suez et donnent la victoire à Israël. Deux ans plus tard, il est général de division, commandant du secteur sud, chargé du maintien de l'ordre dans la bande de Ghaza. Il y écrase les populations palestiniennes avec des méthodes qui lui sont désormais propres et essuie, une fois de plus, quelques vives critiques. Militaire indiscipliné et incontrôlable, il décide de se tourner vers la politique. En 1973, il est élu à la Knesset (Parlement israélien) sur les listes du tout nouveau parti de droite réunifiée, le Likoud. Il est ensuite nommé ministre de l'agriculture et chargé du comité ministériel pour la colonisation, par le chef du Likoud, Menahem Begin, qui prend la tête du gouvernement. Quelque 64 nouvelles colonies sont alors implantées... Ministre de la Défense en 1981, déjouant la méfiance de ses collègues et profitant de la maladie de Menahem Begin, il est à l'origine de l'invasion israélienne du Liban en juin 1982. Trois mois plus tard, ont lieu les terribles massacres dans les camps de Sabra et Chatila, à Beyrouth-Ouest (entre 800 et 2 000 morts). Une commission d'enquête gouvernementale souligne après quatre mois d'investigations que «le ministre de la Défense porte une responsabilité personnelle» dans les massacres et qu'il convient qu'il «tire les conclusions personnelles qui découlent de la manière dont il a manqué aux devoirs de sa charge», selon les termes de la dite commission. S'il démissionne, Ariel Sharon reste toutefois incontournable dans la vie politique du pays. Il devient même ministre de l'industrie et du commerce, du logement et de la construction, des infrastructures, puis chef de la diplomatie sous le gouvernement de Benyamin Netanyahou en 1996. Enchaînant les portefeuilles, il applique à chaque fois ses convictions de partisan de la colonisation et adversaire d'un Etat palestinien. Contre la paix avec l'Egypte en 1979, contre le retrait partiel du Liban en 1985, contre la conférence de Madrid en 1991, contre les accords d'Oslo en 1993, contre la paix avec la Jordanie en 1994… Contre la paix. Une position qu'il a illustrée en se rendant sur l'esplanade des Mosquées le 28 septembre 2000, provoquant une seconde Intifada et s'assurant d'un poste de Premier ministre qu'il obtient le 6 février 2001.