Après quatre années de négociations, le «Oui» du Parlement européen vient donner une nouvelle dynamique aux relations Maroc-UE. L'économie marocaine peut pousser un grand ouf de soulagement. En effet, le Parlement européen a validé, jeudi 16 février, l'accord visant à libéraliser davantage le commerce agricole entre l'Union européenne et le Maroc. Ainsi, le projet d'accord a obtenu le feu vert de 369 eurodéputés, contre 225 qui ont voté contre, lors d'un vote en séance plénière à Strasbourg dont l'issue ne paraissait pas très certaine. Cependant, le Maroc est resté confiant jusqu'à la levée du suspense. «L'accord que nous traitons est parfaitement équilibré entre les deux parties puisque à horizon 10 ans il est prévu exactement le même taux d'ouverture: 67% des deux côtés. Il réserve un meilleur accès aux produits européens sur le marché marocain et parallèlement un meilleur accès au marché européen pour les produits marocains avec une libéralisation progressive et asymétrique des échanges agricoles, agro-industriels et de la pêche pour permettre la mise en œuvre des ajustements nécessaires», avait souligné la partie marocaine avant adoption de l'accord. En effet, le projet était bien trop équilibré pour faire l'objet d'un refus en dépit des voix qui s'élevaient pour le dénoncer. Dans ce sens, bien que ce texte a été positivement accueilli par la Commission du commerce international de l'UE et par les autorités françaises, des opposants persistaient à bloquer son adoption. À quelques jours de son adoption, le député européen José Bové a défendu à Madrid son opposition à l'accord agricole, appelant des députés à voter contre, allant même jusqu'à avancer des menaces, dans le cas où l'accord est adopté. Il avait déclaré dans ce sens que «les opposants vont saisir la Cour européenne de justice pour le casser car il n'est pas fondé en droit». Ces déclarations n'ont pas tardé à susciter des réactions. «Cet accord représente une chance pour l'Europe d'encourager le développement de la zone Euromed et de pays comme le Maroc, qui a dernièrement entrepris de larges réformes démocratiques. C'est une porte ouverte à l'égard des Etats voisins qui ont traversé les turbulences du Printemps arabe. En approuvant ce texte, le Parlement va stimuler les réformes économiques nécessaires à la création d'une zone de libre-échange plus sûre et juste en Méditerranée», avait déclaré l'eurodéputée, Cristiana Muscardini, à la veille du vote. Et de poursuivre que cet accord va automatiquement profiter «au Maroc, en incitant au développement de son secteur agricole par des exportations et importations européennes mais aussi à l'UE qui va ouvrir ses marchés à la région méditerranéenne. Affectée par les révolutions arabes, celle-ci a besoin d'investissements et de soutien financier pour consolider la démocratie. Les agriculteurs européens seront également bénéficiaires : ils pourront échanger et exporter leurs produits dans la zone Euromed. Des clauses de sauvegarde permettront de donner des garanties financières en cas de marchés surchargés». En effet, l'accord comporte des mesures de libéralisation réciproques en matière de produits agricoles et de produits de la pêche qui permettront notamment d'augmenter les volumes des exportations marocaines de fruits et légumes sur le marché européen et de baisser les droits de douanes appliqués à l'entrée de ces produits de part et d'autre. Dans ce sens, l'accord prévoit une libéralisation avec effet immédiat de 55% des droits de douane sur les produits agricoles et les produits de la pêche de l'Union, contre seulement 33% précédemment, et de 70% des droits de douanes sur les produits agricoles et les produits de la pêche du Maroc sur une période de dix ans. En plus d'une liste de produits qui ne sera pas libéralisée mais qui fera l'objet d'un accès particulier avec 19 groupes de produits critiques en termes de sécurité alimentaire du pays dont le blé les pommes, l'huile d'olive, le lait UHT et autres. Des quotas limités ont alors été mis en place afin de stimuler la concurrence et contribuer à l'amélioration de la compétitivité. Des avantages conséquents pour les deux parties qui ne pouvaient qu'y adhérer. «Le vote positif du parlement européen en faveur de l'accord agricole Maroc-UE est un nouveau pas dans le renforcement des relations entre les deux parties», a soutenu, pour sa part, Eneko Landaburu, ambassadeur de l'UE au Maroc. Et de poursuivre : «je me réjouis du vote positif du Parlement européen en faveur de l'accord agricole Maroc-UE. Ce nouveau pas dans le renforcement de nos relations est d'une extrême importance au moment où nous entamons une nouvelle ère de partenariat avec le Royaume dans le cadre du Statut avancé». Sur ce segment, l'accord agricole constitue un premier contenu effectif dans le cadre du Statut avancé. En effet, pour les autorités marocaines, en matière agricole le Statut avancé signifie, tout d'abord, la mise en place d'une politique agricole cohérente avec l'objectif de convergence pour créer les conditions nécessaires à l'établissement d'une zone de libre- échange entre le Maroc et l'UE, ce qui est devenu effectif avec le lancement du Plan Maroc Vert. Mais également la libre circulation des marchandises avec la libéralisation des produits de l'agriculture et de la pêche, la nomenclature combinée, le cumul pan Euro-med de l'Origine. Et enfin, l'amélioration de la sécurité sanitaire des aliments pour les consommateurs marocains et européens et faciliter le commerce des produits agricoles avec l'UE. Ainsi, pour M. Landaburu, «cette décision claire du Parlement européen permettra de donner une nouvelle dynamique aux relations Maroc-UE», et d'ajouter que l'année 2012 verra la concrétisation de certaines avancées du partenariat, à savoir la finalisation du nouveau plan d'action et de la négociation sur les services ainsi que l'aboutissement du partenariat pour la mobilité. L'ambassadeur de l'UE a, également, rappelé, l'engagement de l'UE, premier bailleur de fonds au Maroc, d'apporter au Royaume son appui dans la mise en œuvre de son projet de modernisation de la société et de la consolidation d'un Etat de droit.