Le Maroc affrontera en demi-finale, mercredi, les surprenants maliens qui ont longtemps revêtu le costume de favori face à la Guinée avant de se qualifier in-extrémis. Le Maroc rencontrera donc les surprenantes Aigles du Mali en démi-finale. Les buts de Chamak, Hajji et Zairi ont été marqués sous le regard attentif d'un certain Henri Stambouli, entraîneur de l'équipe nationale du Mali, accompagné de Mamadou Keita, capitaine de la sélection malienne. Tous deux ont vu, noté et commentés la jeunesse des Lions de l'Atlas qui ont retrouvé leur fougue d'antan. L'équipe malienne a fait parler la poudre durant ses deux premiers matches, en dominant largement les Warriors du Kenya (3 à 1) et le Burkina Faso, sur le même score et, en faisant douter les arrogants Lions de la Terranga. Le meneur de l'équipe du Sénégal, El-Haji Diouf, si prolifique en déclarations, si prompt à la polémique, n'avait-il pas déclaré, à la veille du match, que ce «Mali n'était pas une équipe» ? Mal lui en pris. Les coéquipiers du sociétaire de Tottenham, Frédéric Oumar Kanouté, (quatre buts et trois passes décisives en trois matchs), bien organisés tactiquement et frais (moyenne d'âge de 25 ans), ont tout au long de leur parcours séduit par leur rapidité. En quarts de finale, face à la Guinée du vétéran Titi Kamara, les aigles ont quand même peiné, obtenant leur ticket attaché au rasoir, dans les ultimes minutes d'un match à rebondissements. Cette première demi-finale entre le Maroc et le Mali, opposera aussi des duels inédits notamment entre l'insaisissable Kanouté dont le père est présent dans les tribunes, depuis le début de cette Can, parmi les rares supporters maliens et, l'imperturbable Nourredine Naybet qui a franchi allègrement le cap des 100 sélections. L'avantage psychologique est en faveur de ce dernier, compte tenu de la pression médiatique qui poursuit le malien, ancien international français des moins de 21 ans, accusé aujourd'hui d'avoir choisi le Mali par opportunisme. Kanouté doit en plus faire avec les déclarations fracassantes de son entraîneur David Pleat (buteur d'un certain quart de finale Cameroun-Angleterre en 1990), particulièrement remonté : «Il faut réfléchir à deux fois avant d'engager des joueurs africains. C'est comme recruter un joueur qui passerait son temps à récolter des cartons rouges et ne jouerait que 12 matches dans la saison», avait ajouté Pleat.. Au lieu des 12 cartons, Kanouté a inscrit 12 buts en 19 matchs avec les Spurs depuis son arrivée de West Ham, l'été dernier, pour un transfert de 5 millions d'euros. Pour la demi-finale contre le Maroc, Kanouté s'est refusé au jeu des pronostics, se contentant de dire à l'Associated Press : "Je n'ai encore rien prouvé, je pense encore pouvoir progresser". Les feux follets de l'attaque marocaine, Youssef Hajji, Chamak et Zaïri auront à faire face à une défense malienne notamment mise à mal contre la Guinée. D'ailleurs, les latéraux Souleymane Diamounténé et Fousseiny Diawara ont été pris à part violemment par la presse malienne qui n'a d' yeux que pour Kanouté et le keeper, Mahamadou Sidibé dit «Maha», sauveteur de son équipe à plusieurs reprises. Le sélectionneur des Aigles Henri Stambouli, critiqué par ses choix tactiques en quart, de finale, a déjà assuré son contrat: faire franchir aux Aigles le dernier carré pour la quatrième fois en autant de participations. Le Maroc aura avant tout à se méfier de lui même. Donné comme gagnant, Badou Zaki se souviendra certainement que cette même équipe du Mali a souvent flotté dans le costume du favori, mais brillé là où on l'attend le moins. En 1972, à Yaoundé, face à l'équipe du Congo-Brazaville surgie de l'anonymat, les Aigles qui faisaient figure de favoris ont sombré en finale. Idem lors de l'édition tunisienne de 1994, où en demi-finale, après avoir sorti le pays organisateur et l'Egypte, les Aigles, émoussées, furent cueillies à froid (4 buts à zéro) par une équipe zambienne en pleine recomposition. Tout en étant donné comme favori, le Maroc aura donc à se méfier de ces Aigles. Il y a quelques mois, c'est cette même formation qui avait infligé à l'équipe de Badou Zaki sa première défaite, en match amical à Rabat, en l'absence, il est vrai, de Nouredine Naybet. Bref, ce match capital est aussi, au delà de la confrontation entre les deux équipes, le quatrième en cette Can 2004 entre aigles et lions. Ceux du Sénégal, neutralisés par ces mêmes Aigles du Mali, ont courbé l'échine devant les Aigles de Carthage. Alors que les Super Eagles du Nigéria ont montré au Cameroun, selon une loi non écrite du foot-ball, que l'habit du favori est souvent un piège mortel. Aux lions de l'Atlas désormais, seuls rescapés dans le carré d'as face à trois Aigles, de montrer que sur le Continent noir, les félins à crinière dorée ne souffrent d'aucune forme de contestation.