Mohamed Ansari affirme que les militants de l'Istiqlal ne vont jamais permettre à une personne qui est arrivée à la fin de son mandat de se jouer de l'avenir du parti. ALM: Comment évaluez-vous la gestion faite par le secrétaire général de l'Istiqlal du processus de concertations pour la formation du gouvernement ? Mohamed Ansari : Il convient de rappeler tout d'abord que le conseil national de l'Istiqlal avait délégué au secrétaire général du parti la mission de la gestion de l'étape actuelle dans toutes ses manifestations. Le Comité exécutif du parti a appuyé cette délégation et a déterminé un certain nombre de critères pour la désignation des ministrables istiqlaliens. Parmi ces critères on trouve le militantisme, la compétence et le rayonnement à l'intérieur et à l'extérieur du parti. Nous avons également exigé la désignation de candidats qui ne soient pas rejetés par l'opinion publique. Il était question aussi d'assurer une équité en matière de représentativité régionale. Dans ce sens que les régions qui n'avaient jamais été représentées au gouvernement à travers les ministres istiqlaliens devaient à leur tour avoir le droit d'y participer. Que reprochez-vous à Abbas El Fassi ? Durant 13 jours, M. El Fassi a rompu tout contact avec la majorité des membres du Comité exécutif. Il n'y a pas eu de concertations avec eux. M. El Fassi ne consultait que certains de ses proches. Passés ces 13 jours, M. El Fassi a réuni les membres du Comité exécutif pour les informer du différend avec le chef de gouvernement à propos du ministère de l'équipement et du transport. C'est comme si tout avait été tranché sauf la question de ce département. Suite à la demande de M. El Fassi, qui a menacé Benkirane de se retirer du gouvernement et de se contenter de l'appui au Parlement, le Comité exécutif a déclaré qu'il s'accrochait à ce ministère. A ce stade, ce n'était pas ce différend qui était en question. M. El Fassi cherchait uniquement à tâter le pouls des membres du Comité exécutif. Au cours de la semaine dernière, la réunion hebdomadaire de ce comité a été annulée. Une première, car durant plus de 10 ans jamais une réunion de ce genre n'a été annulée. Aujourd'hui, à quelques jours ou quelques heures seulement de la nomination officielle du gouvernement, et à l'exception de Abdessamad Kayouh, on n'entend parler dans les coulisses que de candidats aux postes ministériels qui ont pour la majorité des liens familiaux, d'amitié et d'allégeance avec M. El Fassi. Comment comptez-vous réagir face à cette situation ? Pour l'instant nous n'avons pas d'informations exactes. Nous espérons bien qu'il ne s'agira, en dernier lieu, que de rumeurs. Mais, si cela est avéré on peut dire qu'il s'agit d'une exclusion systématique des compétences et des grosses pointures qui ont fait la réussite du parti lors des dernières élections. M. El Fassi aurait proposé des personnes qui n'ont aucun rayonnement au sein de l'Istiqlal. Comme je l'avais dit, si cela est avéré ça pourrait avoir des répercussions sur la réputation de M. El Fassi et sur la confiance placée en lui par les militants du parti. Les istiqlaliens ne se résigneront jamais au silence. L'Istiqlal n'est pas une personne ou une famille, c'est une institution qui recèle beaucoup de compétences qui ont marqué l'histoire du Maroc. Nous n'allons pas permettre à une personne qui est arrivée à la fin de son mandat de se jouer de l'avenir du parti de l'Istiqlal. Il y a plusieurs moyens pour protéger le parti contre ce type de comportements.