Le statut interne du parti ne permet pas au secrétaire général de briguer plus de deux mandats. Cela n'est possible, selon le statut du parti de la balance, que dans le cas où le SG occupe la fonction de Premier ministre. Abbas El Fassi devra-t-il démissionner de son poste de secrétaire général de l'Istiqlal ? Vu le mouvement de fronde qui s'active contre lui au sein du parti, cet éventualité s'impose aujourd'hui avec force. Les militants sont en colère contre lui, pointant du doigt sa «mauvaise» gestion des négociations avec le chef de gouvernement. Des négociations marquées, selon Adil Benhamza, membre du comité exécutif, par le fait que le Premier ministre sortant n'a pas respecté ses engagements envers le comité exécutif. «Nous avons délégué à M. El Fassi de négocier au nom du parti de l'Istiqlal la formation du gouvernement, de sorte à ce qu'il rende compte au comité exécutif de chaque avancée de l'opération, notamment en ce qui concerne les secteurs ministériels dévolus au parti et les noms qui les assumeront. Mais rien n'en a été», souligne M. Benhamza. Ainsi, la déception règne chez plusieurs istiqlaliens. Aussi, des membres du parti, alertés par les médias, voient d'un mauvais œil la forte probabilité que deux proches de la famille El Fassi fassent partie du gouvernement, notamment Nizar Baraka et Mohamed El Ouafa (voir encadré P5). Une source du parti ayant souhaité garder l'anonymat a déclaré à ALM : «Le népotisme qui a été combattu par le peuple et les médias est devenu une règle au sein du parti. C'est la famille El Fassi qui gouverne. Les militants et les personnes qualifiées au sein des instances de l'Istiqlal sont marginalisés. Ceci n'augure rien de bon». Et d'ajouter: «L'Istiqlal est devenu une simple annexe du makhzen. Il faut mettre des limites à ces dérives, sinon tous ses militants vont quitter le navire et le laisser couler». Et l'heure est à la mise au point chez les instances du parti. Le comité exécutif, les organisations féminines et de jeunesse du parti de la balance devaient d'urgence tenir leurs réunions hier après-midi pour évaluer la situation interne du parti et dénoncer le manque de transparence du secrétaire général. Par ailleurs, une autre raison précipite la démission d'Abass El Fassi. Il est question du fait que le statut interne du parti ne permet pas au secrétaire général de briguer plus de deux mandats. Cela n'est possible, selon le statut du parti de la balance, que dans le cas où le SG occupe la fonction de Premier ministre. Mais Abass El Fassi n'attendra pas de se faire éjecter. Ce dernier avait à plusieurs reprises évoqué, lors des réunions du comité exécutif, son intention de démissionner au cas où le parti ne remportait pas les élections. Des membres du parti proposent ainsi la désignation au poste de secrétaire général du plus ancien membre du comité exécutif, ou l'élection de l'un de ses membres, ou encore l'attente du congrès national du parti de l'Istiqlal. Mais ce dernier n'est prévu qu'en janvier 2013 et des voix appellent à avancer sa tenue au vu du foisonnement et de la situation interne délicate que vit l'Istiqlal.