J comme la Jamaâ d'Al Adl Wal Ihssane. La scène politique marocaine a été fortement marquée en 2011 par le retour en force des islamistes de la Jamaâ de cheikh Yassine. J comme la Jamaâ d'Al Adl Wal Ihssane. La scène politique marocaine a été fortement marquée en 2011 par le retour en force des islamistes de la Jamaâ de cheikh Yassine. Cette mouvance qui prône le retour à une pratique fondamentaliste de l'islam a saisi l'opportunité du déclenchement du mouvement de protestation au Maroc avec le 20 février pour descendre massivement dans le rue. Des jeunes barbus et des femmes voilées membres de la Jamaâ ont volé la vedette aux gauchistes d'Annahj addimocrati et du PSU. Fidèles aux rendez-vous hebdomadaires du 20-Fèv, les adlistes donnaient notablement du volume aux manifestations et faisaient entendre librement leurs revendications. Bien que le Maroc ait fait dès le départ l'exception dans un contexte de bouleversements régionaux profonds étant donné qu'il a opté pour des réformes d'envergure dans la continuité et la sérénité, Al Adl de cheikh Yassine avait un autre avis. En adhérant au Mouvement, la Jamaâ a affirmé à plusieurs reprises qu'elle s'était engagé à respecter le plafond des revendications imposé par les jeunes du 20 février, mais il n'en fut rien dans la pratique. Dans un contexte régional et international assez spécial, la Jamaâ a cherché, selon les observateurs de la scène politique, à apporter un changement profond aux allures d'une déstabilisation du pays. D'ailleurs, c'est ce que la jamaâ a révélé implicitement dans un communiqué publié récemment. Malgré la mise en place d'une nouvelle Constitution, l'approfondissement des réformes démocratiques et l'élection d'une nouvelle chambre des représentants à travers des élections anticipées, Al Adl n'a pas lâché. La mouvance affirmait que le 20 février allait continuer à protester jusqu'à l'obtention de ce qu'elle qualifie de «changement réel». Toutefois, le dimanche 18 décembre marque un tournant décisif. Après l'annonce des résultats des élections et en plein processus de concertations menées par les islamistes du PJD pour la formation de la coalition gouvernementale, Al Adl a annoncé son retrait du 20 février. Ainsi, les islamistes de cheikh Yassine ont arrêté de manifester affaiblissant notablement le 20 février. Dans un communiqué publié sur son site officiel, la Jamaâ justifie sa défection par le fait que «certaines parties auraient tenté à tout prix de manipuler les actions du mouvement de protestation marocain et de le transformer en un moyen de règlement de comptes, lui attribuant par la même occasion des couleurs idéologiques et politiques». Certains membres du PJD qui a remporté les élections avec 107 sièges ont interprété le retrait de la Jamaâ comme étant un cadeau au gouvernement Benkirane. Toutefois, des observateurs avertis écartent catégoriquement cette hypothèse. Ils estiment que cette démarche traduit une stratégie de la Jamaâ qui se serait rendu compte que le 20 février aurait atteint ses limites.