La Tunisie s'est assuré samedi soir à Radés une place dans le carré d'or de la Coupe d'Afrique des Nations 2004. Son quart de finale contre le Sénégal s'est déroulé dans des conditions chaotiques. Brouillard et violences ont ponctué les 100 minutes qu'aura duré ce match. «La catastrophe a été frôlée». Les propos sont ceux de Roger Lemerre, le sélectionneur français de la Tunisie lors de la conférence de presse après la rencontre qui a opposé sa sélection à son homologue sénégalaise pour le compte des quarts de finale. Lemerre, qui a subi la loi de ces mêmes Lions, il y a deux ans, à l'occasion du match d'ouverture du Mondial asiatique résume bien l'ambiance dans laquelle cette rencontre des quarts de finale s'est déroulée. Entre le brouillard qui a envahi le terrain une dizaine de minutes à peine après le coup d'envoi de la partie, les protestations des joueurs, les bousculades sur la pelouse et quelques débordements dans les gradins, la qualification du pays hôte de cette 24ème Coupe d'Afrique des nations a décidément été très mouvementée. Samedi soir, au complexe du 7 novembre à Radès, dans la banlieue de Tunis, l'ambiance était chauffée à blanc. Près de 60.000 spectateurs ont fêté la qualification des Aigles de Carthage en demi-finale de la CAN 2004. Ces mêmes spectateurs ont également hué les Lions de la Teranga sénégalais, qui sont sortis de cette compétition après leur défaite par un but à zéro, pour leurs protestations successives et quelques réactions agressives. Même l'arbitre de la rencontre, Ali Boujsim, a reçu son lot de difficultés et de protestations, surtout suite au but décisif marqué à la 65ème minute par Jawhar Mnari. Les Sénégalais n'ont pas cessé de protester contre l'arbitrage de l'Emirati. La moindre décision de ce dernier a suscité un tollé, spécialement de la part d'El Hadji Diouf qui est passé maître en la matière. C'est d'ailleurs en réclamant un coup-franc qui a précédé l'action du but tunisien que l'attaquant de Liverpool a fait exploser la violence, faisant mine de ne plus vouloir retourner sur la pelouse. Il s'en est suivi une bousculade qui a duré près de cinq minutes. «Avant le but, il y a avait faute, les images télévisées en témoignent. Mon équipe s'est arrêtée sur une faute non sifflée. Cette rencontre a basculé sur ce coup de dés », a déclaré Guy Stephan, sélectionneur sénégalais. Déçu, il n'a pas caché son amertume quant à l'élimination de sa sélection. «Ce match s'est joué sur une erreur d'arbitrage», a déclaré celui qui avait été l'adjoint de Lemerre lors de la victoire des Bleus dans l'Euro 2000. Et d'ajouter : «C'est dommage, les deux équipes étaient proches l'une de l'autre. La décision aurait dû se faire sur une autre action. Mais il était clair que lors de cette soirée, tout le monde était mobilisé pour voir le Sénégal sortir de la compétition. Même les ramasseurs de balles ont fait tout ce qu'ils ont pu pour déstabiliser les joueurs sur le terrain ». Son compatriote Roger Lemerre, qui ne s'est pas départi de son sourire, n'a pas voulu s'aventurer dans la polémique sur le niveau de l'arbitrage de cette rencontre. «Nous ne pouvons pas dire que l'arbitre a été malhonnête». Le sélectionneur des Aigles de Carthage a cependant regretté les actes de violence qui ont ponctué la rencontre. «Lors des vingt premières minutes, la pression était très grande de part et d'autre. Les défenses des deux équipes ont été prises d'assaut. Par la suite, le but tunisien a déclenché une série de violences regrettables. Le football n'en sort pas grandi», a-t-il déclaré. Le dernier épisode de ce match explosif a duré une dizaine de minutes, durée des arrêts de jeu décrétés par l'arbitre Ali Boujsim après la fin du temps réglementaire. Une décision qui a été grandement hué par le public de Radès qui les a vécus les nerfs à vif. Ce n'est qu'après le coup de sifflet final que la joie de ces supporters a explosé. Pour sa part, la Confédération africaine de football (CAF) tient une réunion, ce lundi, pour décider des éventuelles sanctions à prendre.