La mesure visant à permettre aux hauturiers de pêcher du poisson pélagique risque de soulever un tollé chez les professionnels de la pêche artisanale. Les réunions marathoniennes se poursuivent au sein du ministère des Pêches maritimes. Hier, les armateurs de la pêche hauturière se sont réunis avec les responsables de l'autorité de tutelle pour discuter des aspects techniques pour la mise en œuvre de certaines mesures compensatoires au repos biologique. En effet, le ministère a accordé aux armateurs hauturiers (et sur leur propre demande) le droit de pêcher du poisson pélagique, comme la sardine. Cette autorisation ne concernera que la moitié de la flotte hauturière. Celle-ci ne pêchant normalement que le poulpe. En raison de l'arrêt biologique, les hauturiers vont avoir le droit de pêcher les poissons à écailles, et ce durant deux mois. En tout cas, selon Omar Akkouri, président de l'association des entreprises marocaines de pêche hauturière, cette mesure exceptionnelle "sera réalisée sous le contrôle d'une commission tripartite, composée de représentants des armateurs, du ministère des pêches et des autorités de contrôle". Pour ces derniers, il s'agit de la Marine royale, de la Gendarmerie royale et des autorités locales. Cette commission sera notamment chargée de contrôler si les armateurs vont bel et bien pêcher exclusivement du poisson pélagique, qui se trouve en surface. Elle donnera également son avis sur un éventuel arrêt ou prolongation de la durée de pêche. "Nous sommes actuellement en train de définir avec les responsables du ministère, les aspects techniques comme les zones où nous allons pêcher et les types de filets que nous utiliserons", précise Akkouri. Celui-ci a tenu à préciser que les armateurs n'ont eu "aucun contact avec le syndicat des officiers et marins de la pêche hauturière (SNOMPH), d'ailleurs, nous ne reconnaissons même pas leur existence". En fait, cette affirmation est importante, car le SNOMPH a rejeté catégoriquement la mesure visant à permettre aux hauturiers de pêcher du poisson pélagique. "Si les armateurs ne vont pas pêcher le poulpe, pourquoi le ministère n'autorise-t-il pas l'ensemble des navires à pêcher?", s'est interrogé le secrétaire général du syndicat, Abderrahmane El Yazidi. Celui va même demandé l'arbitrage royal. La réponse à cette question, il la donne lui-même: "le secrétaire général du ministère nous a expliqué, lors de la réunion du 31 janvier dernier, que la moitié des navires hauturiers sera écarté pour des raisons politiques". Et pour cause, toujours selon El Yazidi, le ministère appréhende la réaction des professionnels de la pêche artisanale. Ces derniers, ne possédant que des barques, seront sérieusement concurrencés par les gros navires hauturiers. Un autre protagoniste risque de rentrer en ligne de compte et compliquer davantage la donne.