Amina, secrétaire dans une société de confection, s'accrochait désespérément à un mariage de plus en plus improbable. Son pseudo-fiancé n'était en fait qu'un escroc assisté d'un redoutable complice. Motif, l'argent. Tu as plu à un ami à moi et il te veut pour épouse, confie Mohamed à Amina. Cette dernière baisse la tête, sa teinte blanche rougit par pudeur. Elle essaie de dissimuler sa grande joie par un sourire. Enfin, la malédiction du célibat l'abandonnera. Elle a déjà trente-deux ans, cette année de 1997 et pourtant personne ne lui a parlé sérieusement du mariage. Mohamed remarque sa joie qui traduit son accord. Il lui affirme que son ami, le futur mari, lui téléphonera. Effectivement, elle reçoit un appel : -Allô, c'est Mustapha, l'ami de Mohamed, tu m'as vraiment plu et je veux que tu sois "Inchallah" mon épouse, que dis-tu ? -Je n'ai rien à te dire maintenant, lui répond-t-elle avant de garder le mutisme, le laissant lui relater ses projets au Maroc. Il lui a expliqué qu'il a passé des années en France et qu'il a envie de retourner à sa patrie pour monter des projets d'investissement. -Ce qui importe pour moi maintenant c'est toi, je me rends chez vous le mois prochain pour fixer le jour de la célébration des fiançailles. Une quinzaine de jours plus tard, Amina est avec son frère. Mustapha l'appelle au téléphone et lui affirme : -Je ne peux pas me rendre chez ta famille cette semaine parce que je prendrai l'avion avec ma sœur épileptique à destination de la France pour la soigner. -Attends, voilà mon frère, Abdelilah, qui veut te parler, lui répond-t-elle. Une conversation s'engage entre les deux. Ils fixent un rendez-vous. Abdelilah se trouve devant le futur mari, Mustapha, son cousin, Youssef et leur ami, Mohamed. Abdelilah retourne chez lui, il raconte à sa sœur les détails de leurs rencontre: -Vraiment ton futur mari est instruit, bien élégant et dispose de deux usines de couture. En plus son cousin Youssef était avec nous et espère qu'il épouse notre sœur Khadija. Abdelilah est le seul refuge qui leur reste à Amina et Khadija. Leurs parents sont décédés depuis quatre ou cinq ans. 6 février 1998, la date est fixée pour les fiançailles. Seul le cousin de Mustapha, Youssef, un certain Abderrazak et Mohamed arrivent chez la famille d'Amina. Mais où est Mustapha ? Youssef fond en larmes et répond : - Il est en France pour veiller sur sa mère qui est très malade. Quelques jours plus tard, Moha-med, ami de Mustapha, rencontre Amina, lui délivre un document concernant la procuration de gérer son usine de couture. Depuis, Mohamed lui rend visite d'une semaine à l'autre, lui demande de l'argent pour faire ça et payer cela à l'usine. Elle ne cesse de lui verser de l'argent. Elle est devenue débitrice. Elle a vendu ses bijoux en or dépensant ainsi plus de 90 mille dirhams pour les beaux yeux de son futur mari. Juillet 1999, Mohamed téléphone au frère d'Amina, l'informe que la mère de Mustapha est morte et qu'il a besoin d'argent pour la conservation et l'enregistrement de ses biens immobiliers à la Conservation de Berrechid. -Il m'a demandé de te dire de lui verser 30 mille dirhams, à condition qu'il te donne un lot de terrain de cinq hectares, lui précise-t-il. Sa générosité l'a encouragé à lui verser les 30 mille dirhams et de mettre à sa disposition un lot de terrain de 280 mètres carrés dont il dispose à El Jadida. Mohamed, ami du futur mari, l'a vendu contre 150 mille dirhams. Depuis, ni Mustapha, ni Mohamed, ni Youssef n'a rendu visite à la famille d'Amina, plus aucun signe, même pas un coup de fil. En fin de l'année 2001, Abdelilah, frère d'Amina, téléphone à Mohamed. Il le rejoint avec une nouvelle histoire. Mais c'est trop tard, Abdelilah a déjà avisé la police judiciaire. “..J'ai quarante-trois ans, père de quatre enfants, je suis coursier…Pour répondre aux besoins de ma famille, j'ai extorqué la famille d'Amina…Il n'y a ni Mustapha, ni Youssef, ni autres personnes que j'ai emmenées avec moi chez eux je les ai rencontrés dans la rue et je les ai payés pour leur tâche…“, déclare-il devant les éléments de la troisième section de la PJ de Casa-Anfa.