Se faisant passer tantôt pour un officier de police chargé des affaires de terrorisme, tantôt pour employé dans un grand palace installé au Canada, un père de famille, la quarantaine, a été mis hors d'état de nuire par la PJ de Mohammedia. À son quarantième printemps, A. L, est déjà à sa troisième arrestation. Pour ce repris de justice, son premier crime remonte à la fin de l'année 1992, quand il avait vingt et un ans. Il lui a coûté quatre mois de prison ferme assortis d'une amende de mille dirhams et ce, pour complicité au faux et usage de faux. D'abord, c'était en cette même année qu'il a cessé de poursuivre ses études après avoir passé sa première année au lycée dans sa ville natale, Mohammedia. En fait, quand il est sorti de la prison, il s'est inscrit à l'office de la formation professionnelle et de la promotion de travail à Benslimane. C'était un moyen pour tourner le dos à sa petite mauvaise expérience en prison et pour entamer un bon chemin lui permettant la réintégration dans la société. Il a décroché son diplôme en tourisme. Un diplôme qui lui a permis d'être employé dans les restaurants de plusieurs hôtels, non seulement à travers les villes marocaines, mais également en Tunisie et en Libye. Son expérience professionnelle l'a rendue plus sociable et plus communicatif. Malheureusement, la cupidité lui a permis d'être facilement enrôlé dans une bande de faussaires. Dès la première opération, il a été arrêté et a été condamné à dix mois de prison ferme. Relâché, il a fait la connaissance d'une jeune fille, L. Z, fonctionnaire dans une commune de la région de Mohammedia. Amoureux, ils ont convolé en justes noces. Seulement, la vie conjugale ne l'a pas encouragé à dévier du mauvais chemin surtout qu'il est resté en chômage depuis sa sortie de la prison. En conséquence, il a décidé de plonger corps et âme dans le gouffre de l'escroquerie. La première opération qu'il a effectuée seul, sans complice, lui a rapporté de l'argent. C'était à Beni Mellal qu'il l'a commise. Le début était quand il est monté dans un petit taxi. Une conversation engagée avec le chauffeur était suffisante pour décider de commencer à le déplumer. Du coup, il s'est présenté à lui comme employé dans un grand palace au Canada. Il est même arrivé à le convaincre qu'il pourrait aider n'importe quel rêveur de l'eldorado à émigrer vers le Canada. Le chauffeur de taxi qui a un frère, ingénieur au chômage, lui a sollicité de l'aider à avoir un contrat de travail. Ils se sont changés les numéros de téléphones portables. Il a même rencontré le frère du chauffeur du petit taxi, l'ingénieur au chômage. Lors de cette rencontre, il était en compagnie d'un jeune homme. Il l'a présenté à l'ingénieur au chômage en tant que frère du directeur d'un hôtel au Canada. A.L a préparé des faux contrats de travail. Il ne les a pas remis uniquement à l'ingénieur au chômage, mais aussi à cinq autres membres de sa famille, contre cinquante mille dirhams chacun. Au total, il a empoché trois cent mille dirhams. Par ailleurs, il a confectionné une fausse carte professionnelle de police. Dans cette carte, il a changé sa vraie identité en prétendant être nommé Bahlaoui Ismaël, officier principal chargé des affaires de terrorisme. Et il a commencé à mettre dans ses filets plusieurs victimes auxquelles il prétendait être capable de leur trouver des emplois et leur résoudre les problèmes administratifs contre des sommes d'argent. Seulement, il ne donnait plus signe de vie quand il empochait de l'argent. Sa femme, selon des sources judiciaires, l'aidait de temps en temps pour filouter leurs victimes. C'est la raison pour laquelle elle a été arrêtée avec son mari. Tous les deux ont été traduits, récemment, devant le procureur du Roi près le tribunal de première instance de Mohammedia. Celui-ci les a mis entre les mains du parquet général près la Cour d'appel de Casablanca puisque l'affaire a été qualifiée de crime de constitution d'une bande de malfaiteurs. Un troisième suspect impliqué dans l'affaire est toujours en fuite.