Cette semaine, je fus interpellé par des militants du PJD qui ont jugé ma précédente chronique outrancière. J'en conviens. Cette semaine, je fus interpellé par des militants du PJD qui ont jugé ma précédente chronique outrancière. J'en conviens. Seulement, et c'est là où il y a problème, ils ont reconnu, avec le bout des lèvres, presque en murmure, que la sortie de leur patron sur les laïcs, la liberté de conscience, MALI, et tutti quanti était un peu excessive. Dans un débat, et c'est de bonne guerre, la polémique peut être un levier. On attribue à la sortie de Benkirane, à Témara, une puissante influence pour que, dans la rédaction finale du projet constitutionnel, quelques modifications, minimes mais substantielles, soient au dernier moment introduites. Particulièrement sur la question de l'identité et la question religieuse, matières, comme chacun le sait, à manipuler avec doigté tant il s'agit de la nitroglycérine. Le PJD ne s'en cache pas. On peut aisément lire, sur les visages radieux de ses leaders, le plaisir éblouissant de la victoire d'après bataille. Maintenant, le projet est public. Et cette bataille est désormais derrière nous. Cela ne signifie nullement armistice. Le combat politique pour un Maroc moderne continue. Et le projet de Constitution en porte et les ferments et les outils. La seule chose à craindre, c'est le manque de combattants. Car, et c'est là où je veux en venir, l'absence de réaction de votre mouvement du 20 février m'a chiffonné, au plus au point et plus que la sortie de Benkirane. Comment ? Voilà des jeunes qui battent le pavé, depuis près de cinq mois, toujours le dimanche, jamais le vendredi comme dans les autres pays arabes, ce qui nous singularise et qui, au moment crucial, restent de marbre, devant des propos, qui, en apparence (vraisemblablement en apparence seulement) sont contraires au projet qu'ils entendent incarner ! C'est bizarre, non ? Cette séquence et ce silence vous enlèvent toute crédibilité. Si on y ajoute que vous avez attaqué Mawazine, moment de respiration pour le public marocain, alors il y a lieu de s'interroger sur la colonne vertébrale idéologique de votre projet. Et si on vous attribue, à juste titre, l'accélération du tempo politique marocain, on ne peut nier non plus que, aux moments décisifs, vous avez, à chaque fois, raté le train de l'histoire. Le boycott et la politique de la chaise vide sont des outils dont il faut user avec parcimonie. Les brandir à tout bout de champ ne peut constituer une posture politique. Je voulais le dire et vous le faire parvenir. Je fais le constat que vous n'avez pas d'adresse. Le projet est maintenant devant le public marocain. Votre mouvement doit prendre ses responsabilités. S'il n'est pas d'accord, qu'il appelle à voter «non». Boycotter pour s'attribuer tous les abstentionnistes serait non seulement une escroquerie mais un évident manque de courage.