L'administration intérimaire sous contrôle américain se heurte à des sabotages de plus en plus nombreux, qui visent notamment les installations pétrolières. Le chaos, la violence et le sabotage des infrastructures en guise de protestation contre l'occupation de la terre irakienne par les forces américaines et britanniques. Telles sont les caractéristiques du pays, depuis la chute du régime de l'ancien président Saddam Hussein. Vendredi dernier, une explosion provoquant un incendie a visé l'oléoduc souterrain reliant les champs pétrolifères de Kirkouk, nord de l'Irak, au port méditerranéen turc de Ceyhan. Cet incident a provoqué l'arrêt des exportations de brut irakien par la Turquie trois jours après l'annonce de leur reprise. «Les exportations de pétrole ont été arrêtées à cause du sabotage. L'explosion a eu lieu à 20 kilomètres au nord de la station de pompage de Baiji, 200 kilomètres au nord de Bagdad, et a provoqué un incendie», a déclaré le haut responsable irakien du ministère du Pétrole, Thamer Ghadbane. Et de préciser qu'il faudrait au moins une semaine pour réparer la panne, imputant ce sabotage au vide sécuritaire dans le pays. «Dans le passé, il y avait la police du pétrole, l'armée et une coopération des tribus, de même que ce que nous appelons une sécurité intérieure... Maintenant, tout cela a disparu», a-t-il dit. Soulignons que l'oléoduc vers le port de Ceyhan et le terminal off-shore de Mina Al-Bakr, sur le Golfe, sont les deux portes de sortie pour le brut irakien. L'oléoduc Kirkouk-Ceyhan exportait 250.000 barils par jour avant l'attaque de vendredi, selon M. Ghadbane. Dès que le ministère turc de l'énergie a annoncé que l'Irak avait repris mercredi le pompage de son pétrole à destination de Ceyhan, interrompu depuis le début de la guerre, deux jours plus tard les Irakiens attaquent l'oléoduc. Cela revient à dire que les Irakiens n'acceptent pas que les Américains et les Britanniques fassent main basse sur leurs ressources pétrolières. La colère des Irakiens ne s'est pas limitée à l'attaque des infrastructures pétrolières, mais aussi les canalisations d'eau. Dimanche, une brèche pratiquée dans une importante canalisation d'eau a provoqué l'inondation de plusieurs rues dans le nord de Bagdad, où des habitants ont dit avoir entendu une explosion en début de matinée et signalé une voiture qui quittait les lieux à grande vitesse. Des responsables ont fait savoir qu'il faudrait au moins huit heures pour réparer la canalisation et que plusieurs secteurs du nord de la capitale irakienne étaient privés d'eau. Des habitants ont dit avoir été réveillés par une forte explosion, ajoutant que la canalisation semblait avoir été sabotée au moyen d'explosifs. Les efforts de l'administration intérimaire sous contrôle américain pour remettre en service les installations pétrolières et les services fondamentaux du pays se heurtent à des sabotages de plus en plus nombreux. Par ailleurs, deux Irakiens figurant sur une « liste noire » de 250 partisans de Saddam Hussein établie par Washington se sont rendus aux forces américaines, dont un membre a été blessé dans une embuscade samedi matin près de Bakouba, au nord de Bagdad.L'armée américaine a perdu 60 hommes dans des embuscades ou attentats depuis la fin de ses opérations militaires d'envergure en Irak décrétée le 1er mai.