La Fédération anglaise avait demandé le report du vote en raison des scandales de corruption qui secouent actuellement l'instance dirigeante du football mondial. Sepp Blatter devrait être réélu sans opposition hier à la présidence de la Fifa, mais les critiques sur sa gestion de l'institution, gangrenée par les rivalités et les rumeurs de corruption, n'ont pas cessé mercredi. Le report de l'élection du président de la Fédération internationale de football (Fifa), demandé par la Fédération anglaise (FA), a été rejeté par les délégués au congrès de l'institution, qui se tient à Zurich. La Fédération anglaise avait demandé le report du vote en raison des scandales de corruption qui secouent actuellement l'instance dirigeante du football mondial. Les relations entre la FA et la Fifa sont tendues depuis l'échec de la candidature de l'Angleterre à l'organisation de la Coupe du monde 2018, accordée à la Russie. La motion a été repoussée par 172 voix contre 17, laissant la voie à l'élection pour un quatrième mandat du dirigeant suisse, 75 ans, président depuis 1998 de la Fifa, où il est entré en 1975. «Nous avons commis des erreurs mais nous en tirerons les conclusions», a promis le Suisse aux délégués, ajoutant : «Nous avons été touchés, j'ai personnellement subi un camouflet». «Nous devons remettre ce navire sur la bonne voie, pour cela, il nous faut un leader (...) et je suis prêt à le faire», a-t-il poursuivi. Le président sortant a lâché du lest en proposant que la désignation des pays hôtes de la Coupe du monde, à partir de 2026, soit faite par l'ensemble du congrès et non par le comité exécutif, dont 10 des 24 membres ont été l'objet depuis un an d'accusations de corruption. A l'inquiétude exprimée la veille par les principaux sponsors de la Fifa sont venues s'ajouter, mercredi, les pressions émanant de certaines places fortes du football mondial. La Fédération allemande a demandé un réexamen des conditions d'attribution au Qatar de l'organisation de la Coupe du monde 2022. «Il y a une somme considérable de suspicion que l'on ne peut se contenter de balayer», a déclaré le président de la fédération, Theo Zwanziger, à la télévision allemande. «Je dois supposer que l'attribution de la Coupe du monde dans de telles conditions doit faire l'objet d'un réexamen», a-t-il ajouté. Des soupçons de corruption dans la campagne pour la présidence de la Fifa et dans l'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 ont plongé la plus riche des fédérations sportives internationales dans une grave crise interne. Le président de la Confédération asiatique, suspendu dimanche par la commission d'éthique de la Fifa en raison de soupçons de corruption, a été interdit d'entrée au congrès mercredi. «Je n'accepterai jamais la manière dont mon nom et ma réputation ont été mis à mal. Je me battrai pour mes droits», a déclaré dans un communiqué Mohamed Ben Hammam, qui a renoncé samedi à se présenter contre Sepp Blatter. La Confédération asiatique, dont le poids économique et l'influence au sein de la Fifa vont grandissant, a de son côté haussé le ton. «Nous allons faire entendre notre voix. Mohamed (Ben) Hammam a été un grand dirigeant pour l'Asie. (Ce qu'a fait la Fifa) n'est pas fair-play», a déclaré le vice-président de la Confédération, le Népalais Ganesh Thapa. La présidente de la Confédération helvétique, Micheline Calmy-Rey, a exhorté les délégués à «prendre au sérieux» les critiques concernant la corruption. «Il est important que vous les examiniez rapidement et que vous preniez les mesures nécessaires pour réformer votre gouvernance. Ce qui importe, c'est de rétablir pleinement la confiance dans l'organisation. Ne laissez pas l'argent abîmer votre idéal», a-t-elle dit devant les congressistes. Mike Collett (Reuters)