La sortie médiatique d'Ahmed Ouyahia intervient au moment où des observateurs nationaux et étrangers relèvent des lueurs d'espoir pour l'ouverture des frontières entre le Maroc et l'Algérie. L'ouverture des frontières terrestres entre l'Algérie et le Maroc voisin n'est «pas à l'ordre du jour». C'est ce qu'a annoncé le Premier ministre algérien Ahmed Ouyahia, dimanche 29 mai, à Alger. Une des causes avancées par ce dernier, lors d'une conférence à Alger, est qu'un «lobby officiel marocain aux Etats-Unis veut impliquer l'Algérie dans l'envoi de mercenaires en Libye, dans l'envoi d'armes en Libye. Ce genre de choses ne sont pas des facteurs qui aident à l'ouverture de la frontière». La sortie médiatique d'Ahmed Ouyahia intervient au moment où des observateurs nationaux et étrangers relèvent des lueurs d'espoir pour l'ouverture des frontières entre le Maroc et l'Algérie. À en croire qu'il y a deux clans qui s'affrontent en Algérie, l'un souhaite l'ouverture, l'autre fait tout son possible pour garder les frontières fermées. À chaque fois qu'il y a un semblant de dénouement, l'Algérie avance toutes sortes de prétextes pour garder le statu quo, tel que le lobbying marocain aux Etats-Unis. «Actuellement je suis à Washington, il n'y a aucun lobbying marocain dans ce cadre», assure Mohamed Benhamou, président du Centre marocain d'études stratégiques (voir entretien ci-dessous). M. Benhamou explique que le Maroc n'a rien à voir avec l'implication de l'Algérie dans le conflit libyen. «C'est la réalité géopolitique, ce n'est pas le Maroc qui le dit. Ce sont les Libyens eux-mêmes qu'ils ont souligné à plusieurs reprises l'arrestation de mercenaires que Kadhafi recrute et qui proviennent aussi bien du Sahel que de l'Algérie, y compris du Polisario», indique M. Benhamou. Selon lui «600 éléments qui combattent contre le peuple libyen». «C'est une réalité que les rapports de beaucoup de pays voisins et de chancelleries dévoilent. C'est un secret de polichinelle. On le sait, l'Algérie, depuis le début de la crise en Libye, s'est rangée du côté de Kadhafi», souligne-t-il. Et d'ajouter : «On oublie aussi que c'est Kadhafi qui a créé le Polisario. Il en a été le père biologique, le soutenant et le subventionnant. L'Algérie en est devenue la mère adoptive, généreuse à l'égard du Polisario aux dépens de ses propres fils et de ses frères et voisins. Il y a bien sûr le bénéfice matériel que le Polisario tire de ce positionnement, mais il y a aussi une dette qu'on cherche à rendre à Kadhafi même si c'est contre le peuple libyen». » Par ailleurs, rappelons que le Maroc a, à plusieurs reprises, appelé à l'ouverture des frontières. On cite dans ce sens le message de SM le Roi adressé en janvier 2009 au Sommet arabe «sur les questions économiques, sociales et de développement». «Nous ne pouvons que regretter les piétinements que connaît l'Union du Maghreb, du fait d'entraves artificielles, y compris la persistance de la fermeture absurde, par une seule partie, des frontières entre deux pays voisins. En réitérant son attachement à l'ouverture des frontières entre deux peuples frères, le Maroc est loin d'en banaliser l'objectif et de le réduire à quelque avantage étriqué ou à un intérêt exclusif. Son attitude procède, au contraire, de sa fidélité à la fraternité et aux règles de bon voisinage. Elle traduit son ferme engagement en faveur de l'Union du Maghreb, d'autant plus qu'elle constitue un maillon important dans le processus d'intégration arabe que nous appelons de nos vœux», avait souligné le Souverain. Ainsi depuis que la frontière terrestre entre les deux pays a été fermée en 1994, l'Algérie continue à s'entêter dans son attitude.