La réaction du président de l'AMAP aux voix hostiles à Mawazine était claire depuis le départ. Les jeunes étaient dans le faux et Mawazine est une réussite. ALM : Comment avez-vous suivi le festival Mawazine? Mohamed Melehi : Le festival Mawazine a eu un grand succès. Les organisateurs ont su faire preuve de beaucoup de professionnalisme faisant de la programmation et de l'événement une entreprise sociale et économique par excellence. Je me dis qu'avec le succès que connaît le festival en dehors du Maroc, ce rendez-vous annuel pourrait devenir le festival de la Méditerranée et avoir ainsi un écho international. Qui plus est, Mawazine n'a enregistré aucun incident cette année alors qu'il se tient dans une conjoncture difficile. Le Maroc vit une période différente et cruciale de son histoire. Il est en train de consolider les bases de la liberté d'expression et arrive tout de même à organiser un festival de grande envergure. Cela est la preuve même de la bonne santé de notre pays. Le Mouvement du 20 février a appelé au boycott du festival prétextant que l'argent public est dépensé dans des manifestations inutiles. Quelle lecture en faites-vous? L'Association marocaine des arts plastiques (AMAP) avait à l'occasion dénoncé, avec la plus grande vigueur, ceux qui cherchaient à rendre suspect l'argent investi dans la culture. Avant la tenue de Mawazine, des attaques de plus en plus virulentes ciblaient ce festival, sous prétexte que l'argent public est dépensé dans ce qui est considéré comme des manifestations inutiles, vaines, et complètement superflues. Les détracteurs de Mawazine avaient aiguisé un discours populiste qui menaçait de toucher l'ensemble des formes culturelles et artistiques au Maroc. Mais aujourd'hui tout cela n'a fait que contribuer à consacrer le succès de Mawazine qui s'est tenu envers et contre tous les discours populistes et a réussi son pari de festival «Rythmes du monde». D'ailleurs, ceux qui avaient appelé à boycotter le festival se sont cassé le nez à cause d'une couverture médiatique très large. Le festival s'est invité chez nous dans nos domiciles. Que pensez-vous de ce mouvement ? Les jeunes sont des précurseurs, mais, ça n'empêche pas qu'ils commettent des erreurs. Ils doivent continuer à contester et à protester, ils doivent avoir une vision critique qui leur permettra de bâtir le Maroc de demain sur d'excellentes bases. D'ailleurs, on ne peut pas les faire taire et continuer à avancer sans eux, ce n'est pas digne d'un pays comme le Maroc. Cependant, il faut surveiller les débordements et les erreurs légitimes de nos jeunes.