Les faibles performances économiques de l'Italie deviendront à moyen terme une épée de Damoclès pour ses emprunts. L'abaissement surprise de la perspective de Standard & Poor's sur l'Italie pourrait marquer le début d'une surveillance accrue du marché à l'égard de la troisième économie de la zone euro, qui doit relever des défis sans doute trop ardus pour elle. Rome a échappé pour le moment à la crise de la dette qui secoue la Grèce, l'Irlande et le Portugal, en grande partie grâce à une politique budgétaire prudente et à de bas niveaux d'endettement privé. Mais si les investisseurs commencent à se focaliser sur les chiffres de la croissance, les faibles perspectives de réformes et leurs conséquences pour le plan de réduction de la dette publique, alors les rendements des emprunts italiens pourraient s'envoler et rendre la situation intenable. L'agence de notation Standard & Poor's a précisément mis le doigt sur ces problèmes pour justifier samedi un abaissement de sa perspective sur la note de crédit de Rome. Cette décision ne devrait pas précipiter l'Italie dans la crise, estiment les analystes, mais l'évolution de la situation dans la zone euro semble si imprévisible que le pays est bel et bien fragilisé. Signe que le marché redoute que la crise de la dette fasse une nouvelle victime, l'euro a atteint lundi un plus bas historique face au franc suisse. Selon les analystes, le rendement des obligations d'Etat italiennes devrait sans doute grimper à court terme, puis se calmer, mais les faibles performances économiques du pays deviendront à moyen terme une épée de Damoclès pour ses emprunts. Mais une envolée durable des taux italiens semble peu probable étant donné que S&P n'a pas placé Rome sous CreditWatch avec implication négative, ce qui aurait impliqué une probable modification de la note à court terme, généralement sous 90 jours. L'agence s'est bornée à abaisser sa perspective, ce qui signifie qu'il y a une chance sur trois que la note souveraine italienne soit déclassée dans les 24 mois, et il y a d'ailleurs peu de chances que ses concurrentes Moody's et Fitch lui emboîtent le pas. Des trois principales agences de notations, S&P est souvent celle qui a adopté la vision la plus pessimiste sur l'Italie. «A notre sens, les perspectives de croissance actuelles de l'Italie sont faibles, et l'engagement politique en faveur de réformes destinées à stimuler la productivité semble hésitant», a estimé Standard & Poor's dans un communiqué diffusé samedi matin, jugeant par conséquent que «les perspectives de réduction de la dette publique de l'Italie ont reculé».