Nous avons l'habitude de voir les photos des terroristes, surtout morts. Voir un de ces salopards, pour les besoins de l'enquête et de la reconstitution, se mouvoir au milieu des policiers-ninjas a quelque chose de terrifiant. Ainsi donc, l'apprenti-terroriste n'a rien d'extraordinaire. Un visage comme il y en a tant. Le pays en est plein. C'est in fine plus facile de lutter contre le terrorisme islamiste en France ou à Londres. La tâche est autrement plus ardue dans un pays où le visage terroriste est celui de monsieur tout le monde. C'est une première remarque. L'AQMI n'a non seulement pas revendiqué l'attentat. Elle a nié toute implication. Qu'elle l'aurait fait que cela aurait été plus simple. On se serait pris aux services et on aurait fait procès de leur négligence. On aurait dit qu'ils n'étaient pas assez sur leurs gardes. Qu'ils ont manqué à leur devoir. On aurait accablé Yacine Mansouri et Hamouchi. Comme ce n'est pas le cas : bravo donc Mansouri, bravo Hamouchi, bravo Zeraouli et bravo à tous les hommes et femmes qui œuvrent quotidiennement pour sécuriser le territoire. Non seulement ils le font et le font bien mais ils ont identifié les coupables en moins d'une semaine. Qu'ils en soient remerciés. Seulement, cela veut dire que la situation est plus grave. Cela signifie que nous avons nos propres ennemis intérieurs. Que cette idéologie rampante et meurtrière infeste la tête de certains de nos jeunes. Que ceux-ci n'ont pas besoin d'état-major et qu'ils ne sont les succursales de personne. Qu'ils sont capables de pasticher maladroitement les méthodes du consortium international du terrorisme. C'est dire qu'on a notre dose d'apprentis-terroristes, livrés à eux-mêmes, et des bricoleurs de la mort grisés par la perspective d'avoir 70 vierges au Paradis. C'est très grave. Et cela peut faire des dégâts énormes. Le combat contre l'ennemi intérieur s'impose. Ce n'est pas un combat des services. C'est un combat du peuple marocain avec toutes ses composantes. C'est pour cela, et c'est ma dernière remarque, qu'il faut aussi lutter contre les négationnistes. Ceux qui, depuis 2003, doutent de la capacité du radicalisme islamiste marocain à produire des kamikazes. Ceux qui au lendemain de l'attentat de Marrakech n'ont pas hésité à suggérer et à distiller le soupçon avec cette funeste thèse du complot d'Etat qui veut entraver les réformes. Ils ont tellement la complotite dans la tête qu'ils voient le complot partout. Et ils sont tout aussi dangereux. Enfin, et à cette occasion, je voudrais avant de conclure, rendre hommage à l'action d'un homme d'Etat, qu'il est de bon ton aujourd'hui de dénigrer. Un homme dont les empreintes sont sur toutes les réformes qu'a connues le pays dans la dernière décennie, lutte contre le terrorisme compris. Je veux parler de Fouad Ali Himma.