Plusieurs milliers de Marocains, résidents étrangers dans le Royaume et amis du Maroc se sont retrouvés, samedi, à la place mythique de Jamaâ El Fna, après s'être donné rendez-vous sur «Facebook». Samedi 7 mai, des milliers de personnes étaient présentes sur la place Jamaâ El Fna à l'opération «Tous autour d'un jus d'orange, pour un week-end Assir à Marrakech». Certains sont venus de loin pour assister à l'évènement. C'est notamment le cas de Myriem Monghal, une artiste-peintre qui vit à Paris. «J'ai pris connaissance de cette initiative à travers Facebook. Je me suis déplacée spécialement pour participer à cette action que je juge à la fois originale et courageuse. Je suis à Marrakech pour dénoncer le terrorisme», affirme Myriem. Une centaine d'écoliers du groupe scolaire «Les oliviers» ont défilé en criant haut et fort «Non au terrorisme». Petits et grands sont venus exprimer leur soutien aux victimes de l'attentat. Une minute de silence a été observée à la mémoire des victimes et des roses blanches ont été déposées devant le café Argana. Les gens étaient nombreux à affluer vers les marchands de jus d'orange. Certains buvaient leurs jus tout en prenant des photos, d'autres se dirigeaient vers les petits vendeurs pour acheter des souvenirs. L'objectif étant de les soutenir matériellement et d'aider la machine touristique à poursuivre son travail. Des affiches de l'évènement et des gobelets en plastique ont été distribués aux marchands de jus d'orange. Un prix de 5 DH a été affiché au lieu de 4 DH. Certains par peur pour leur commerce ont préféré gardé le prix initial de 4 DH. L'initiateur de cette initiative Reda El Ouraba explique: «Nous avons décidé spécialement pour ce week-end d'augmenter le prix du jus d'orange à 5 DH. Ce prix n'est pas fixe. Les gens sont libres de donner le montant qu'ils souhaitent. Moi, personnellement j'ai payé 5 DH et j'encourage les autres personnes à faire autant». Et d'ajouter : «Nous ne sommes ni un mouvement ni une association. Notre comité réunit une dizaine de volontaires. Nous sommes là pour aider cette ville et montrer au monde que Marrakech continue d'être le poumon touristique du pays. Les terroristes ont voulu frapper le Maroc et ils ont échoué». Cet appel lancé par ce jeune blogueur sur Facebook, sous le nom de code «Un jus d'orange à Marrakech», a trouvé écho chez de nombreux citoyens marocains et étrangers. Selon Reda, cette action a permis de regrouper en quelques jours plus de 7 000 personnes sur Facebook. Une initiative qui, rappelons le , a été lancée au lendemain de l'attentat de Marrakech. Pour sa part, Yasmina Benaissa, membre du comité, explique que «l'idée de tous autour d'un jus d'orange n'a pas été relayée uniquement à travers Facebook. Nous avons contacté plusieurs médias. Ils ont trouvés l'idée originale et nous ont appuyé dans notre démarche. Il n'y a aucune association avec nous. Nous avons informé les autorités de ce projet et ils ont aussitôt accepté». Quant au concept en lui-même, Yasmina indique que «l'idée est claire. On propose aux gens d'aller chez les marchands boire leurs jus d'orange, de se prendre en photo et de la mettre par la suite sur Facebook. Pour ceux qui n'ont pas eu la chance d'être présents à Marrakech, ils peuvent boire leurs jus d'orange chez eux et envoyer leurs photos sur Facebook. A travers ces simples gestes, nous souhaitons montrer que le Maroc est contre le terrorisme, que la vie continue et que nous n'avons pas peur de ce genre d'actes». Le cœur de l'évènement s'est déroulé entre 11h30 et 13h30. Les participants ont eu l'occasion de peindre une toile en trempant leur main dans 70 kilos de peinture pour y laisser des traces. Un geste symbolique. Cette toile sera offerte à la ville de Marrakech en guise de souvenir de cette journée mémorable. Quant au café Argana, lieu de l'attentat, la reconstruction du café est pour bientôt selon un policier présent sur la place Jamaâ El Fna. «Les travaux pourraient être pris en charge par l'Unesco», affirme-t-il. Cherchant à en savoir plus, nous avons tenté de contacter le propriétaire du café mais en vain. Selon sa secrétaire, il serait en déplacement. Le café Argana est devenu un lieu de recueillement où les touristes viennent déposer des fleurs et prennent des photos. Des membres du bureau politique du Mouvement populaire (MP) se sont rendus à la place Jamaâ El Fna.Parmi eux figuraient Mohamed Ouzine et Zahra Chagaf. «Nous sommes venus à Marrakech en guise de solidarité avec les familles de victimes. Nous condamnons une fois de plus ces actes barbares», a affirmé M. Ouzine. Le Parti démocratique national était également présent. Pour ce qui est du tourisme, les répercussions de l'attentat ne se sont faits pas sentir selon les vendeurs. «La vie à Marrakech a repris son cours normal. Contrairement à ce que l'on peut lire dans la presse et ce que les gens disent, il n'y a pas eu d'annulation de réservation. Au contraire, les touristes continuent d'arriver à Marrakech. Cet attentat a réveillé leur curiosité», affirme un marchand de bazar. L'affluence considérable tant des autochtones que des touristes a redonné à la place son aspect normal. Plusieurs jours après l'attentat, la vie reprend son cours normal dans la ville ocre. Marche contre le terrorisme et l'extrémisme Une marche contre le terrorisme et en signe de solidarité avec les victimes de l'attentat criminel qui a visé dernièrement le café «Argana» à Jamaâ El Fna a eu lieu, samedi à Marrakech, à l'appel de la coordination du Mouvement du 9 mars. Lors de cette marche, la deuxième du genre depuis le 28 avril dernier, les participants ont dénoncé vigoureusement cet acte criminel ignoble, condamné toute forme de terrorisme et de violence et exprimé leur solidarité avec les familles et proches des victimes. Durant tout l'itinéraire de la marche, de Bab Jdid à la place mythique Jamaâ El Fna, la foule a scandé des slogans contre le terrorisme et l'extrémisme et brandi des banderoles appelant à la mobilisation des Marocains pour mettre en échec toute manœuvre visant la stabilité du Royaume. L'agression barbare de Marrakech est étrangère aux traditions et aux valeurs de tolérance et de coexistence qui ont toujours prévalu au Maroc, a confié Mohamed Reda Kessous, coordonnateur du Mouvement dans la région Marrakech-Tensift-Al Haouz. Cette marche de solidarité, initiée sous la devise «Dieu, la Patrie, le Roi : Non au terrorisme, non à la corruption» et en partenariat avec nombre de coordinations d'associations, a pour vocation de mobiliser l'ensemble des citoyens marocains derrière SM le Roi Mohammed VI pour faire avorter toutes les tentatives et manœuvres criminelles des ennemis du pays, a-t-il dit.