Cette nouvelle ligne aérienne permettra aux opérateurs des deux pays de prospecter les marchés économiques et de dénicher de nouveaux domaines prometteurs. ALM : Le Maroc et la Russie s'apprêtent à inaugurer une desserte aérienne reliant Casablanca à Moscou. Quelle lecture faites -vous de cet événement ? Vladimir Baykov : C'est une initiative de la compagnie aérienne Royale Air Maroc qui se concrétisera le 15 mars par un vol inaugural comprenant une importante délégation marocaine. Personnellement, je salue cette démarche qui permettra de raffermir les relations maroco-russes sur tous les plans. Faire l'axe Maroc-Russie était auparavant compliqué. Les voyageurs devaient prendre des vols de correspondance, chose qui rendait leur voyage difficile. Avec l'actuelle desserte, les heures de vols seront réduites en six heures pour une fréquence régulière de trois liaisons directes par semaine. Il est à noter que le Maroc dispose de tous les atouts pour être une destination favorite des Russes. Se référant aux statistiques, ils étaient 32.000 touristes à avoir séjourné au Maroc en 2010. Dans ce sens, cette nouvelle ligne permettra de doubler, voire tripler à la fois le nombre de touristes russes au Maroc ainsi que le nombre des visas délivrés aux Marocains. Nous restons également optimistes quant au développement du tourisme d'affaires qui devrait augmenter quatre à cinq fois son chiffre. A part Casablanca, avez-vous prévus d'autres liaisons aériennes ? Certes, nous étendrons nos vols directs à Agadir et nous négocions également des vols charters à destination de Marrakech. Mais avant, il faut reconnaître que le choix de la capitale économique n'est pas fortuit. Casablanca est dotée d'un énorme potentiel. Comme il est communément connu, cette ville est considérée comme un Hub économique. Ce qu'il est utile de souligner, pour le moment, que la ligne directe Casablanca-Moscou permettra aux opérateurs des deux pays de prospecter les marchés économiques et de dénicher de nouveaux domaines prometteurs contribuant à la promotion des relations bilatérales entre les deux pays. Depuis mon arrivée à la tête du consulat de Casablanca, je me suis engagé à donner plus de dynamisme à notre présence dans la capitale économique et d'œuvrer davantage à la consolidation des relations économiques, sociales et culturelles entre les deux pays. En ce qui concerne nos activités consulaires, il est à noter que le nombre des ressortissants russes au Maroc ne dépasse pas les 2300 personnes. De même, nous avons procédé, en 2010, à la délivrance de 800 visas. Un chiffre qui reste modeste pour ne pas dire dérisoire. De ce total, nous remarquons un faible taux des visas d'affaires. Ceci montre que le niveau de contact maroco-russe n'est pas assez développé, sachant que les Russes sont dispensés de visas pour rentrer au Maroc. Qu'en est-il des échanges commerciaux entre le Maroc et la Russie ? Le Maroc figure parmi les quatre principaux partenaires commerciaux de la Russie. Il est devancé dans ce sens par l'Afrique du Sud et l'Algérie. Concernant les statistiques des échanges, je dirais approximativement que le chiffre des importations marocaines atteint le 1 milliard de dollars alors que les exportations avoisinent les 250 millions de dollars. C'est un énorme écart que nous devrons incessamment réduire. Quel serait, dans ce sens, l'impact de la première ligne maritime reliant Agadir à Saint-Pétersbourg ? L'ouverture de cette ligne maritime paraît logique dans la mesure où elle permettra d'acheminer directement le flux commercial notamment en matière d'agrumes. Cette ligne assurera également une rentabilité en réduisant le prix des échanges. Notre intérêt est d'avoir une multitude de voies de communication entre le Maroc et la Russie afin de faciliter les échanges. La question de l'énergie a été au centre de la dernière rencontre de la commission mixte. Quel commentaire faites-vous de ce point ? La Russie a un énorme potentiel et une riche expérience dans le domaine des énergies renouvelables. Le savoir-faire russe en l'occurrence dans le domaine solaire pourrait être éventuellement bénéfique pour le Maroc. C'est un sujet sur lequel nous devrons se pencher pour trouver un terrain d'entente. Nous établissons, actuellement, le contact avec les différents acteurs marocains œuvrant dans ce domaine. Ce contact aboutirait à des projets qui auront des retombées simples, directes et bénéfiques pour les foyers marocains. Que faîtes-vous pour redynamiser les relations économiques entre les deux pays ? Il est primordial de donner la possibilité aux deux peuples de mieux se connaître. Il faut s'ouvrir sur la culture de l'autre pour établir une proximité relationnelle. Ceci favorisera facilement les échanges économiques. Nous prévoyons d'organiser dans les mois à venir la réunion annuelle du grand Conseil d'affaires «Russie-Pays Arabes». On s'attend à la visite d'une centaine d'opérateurs. Cela sera une bonne occasion de promouvoir l'image de Casablanca et de sceller d'éventuels partenariats. Que prévoyez-vous sur les plans social et culturel ? À l'instar d'Agadir, nous envisageons d'ouvrir un consulat honoraire à Marrakech. En outre, nous multiplierons nos opérations décentralisées. À titre d'exemple, nous travaillons actuellement sur le jumelage de la ville de Mohammedia et la ville Noguinsk. Je me rendrai en personne en compagnie du président du conseil communal de Mohammedia pour assister à la cérémonie de jumelage à Noguinsk qui se trouve à 54 km à l'est de la capitale russe. Sur le plan culturel, je pense qu'avec de la ligne Casablanca-Moscou nous disposerons de plus de moyens techniques et matériels pour l'organisation de manifestations culturelles et artistiques dans les deux pays. Entre-temps, nous étudions la possibilité de créer une antenne du Centre culturel russe à Casablanca et encourager davantage l'apprentissage de la langue russe au Maroc, et ce pour faciliter les échanges que cela soit sur les plans touristique, culturel ou commercial.