Les étudiants de la Faculté des lettres de Aïn Chock regroupés au sein des «Cosmopolites» préparaient depuis 3 mois leurs journées de la diversité culturelle programmées les 23, 24 et 25 Février. En collaboration avec l'Association «Marocains Pluriels» ils avaient donc prévu culture (rencontre avec Driss Ksikes, Saïd Mosker et Younes Boumehdi), cinéma (projection de courts métrages grâce à Jamal Abdenassar), artisanat, concours de jeunes talents et débat avec Driss Jaydane, Simon Lévy… et leurs professeurs). Mais les étudiants ne vivent pas dans une bulle et une Fac est ouverte sur la société, la marche du 20 février, les revendications mais aussi les actes de vandalisme qui ont suivi les manifestations ont amené les jeunes de «Cosmopolites» et les membres de «Marocains Pluriels» à intégrer l'actualité dans le débat. Egalité des chances, respect, dignité, lutte contre l'exclusion, contre la corruption, société plus juste… sont en fait des revendications communes à toute une génération, or si certains ont choisi de «marcher», d'autres s'investissent au sein d'associations, d'autres agissent au quotidien dans les quartiers, d'autres encore œuvrent au cœur de leur Fac et beaucoup s'expriment sur Internet . En fait, le clivage, le désaccord réel entre l'immense majorité des jeunes et les initiateurs du «mouvement du 20 février» portent sur la non-pertinence d'une marche dans le contexte international actuel, sur la crainte de manipulation et de récupération des revendications de la jeunesse par des groupuscules politiques et la violence. Sur ces derniers points, les slogans très politisés entendus lors de la marche et les inqualifiables actes de vandalisme commis dans différentes villes ont conforté la masse des jeunes en désaccord aves les initiateurs de la marche (sans parler des conflits internes à ces organisateurs aujourd'hui mis au grand jour) et ont suscité des milliers de réactions sur Facebook ainsi que la création de dizaines de «groupes» dont la volonté de revendiquer sous des formes citoyennes et de poursuivre la construction de notre projet de société , s'exprime à longueur de journée sur Internet. Les «Cosmopolites» et les «Marocains Pluriels», quant à eux, ont donc choisi de lancer à l'occasion de leurs journées de la diversité, un mot d'ordre fédérateur «N'bni bladi, n'bghi bladi». L'un des objectifs principaux de ce slogan est d'inciter les jeunes à se saisir de leur droit de vote pour enfin réellement s'investir et choisir des élu(e)s dignes de confiance. Pour cela, ils invitent la jeunesse à aller sur la page Facebook «N'bghi bladi, n'bni bladi» pour poster questions, propositions, revendications, idées , exigences… qui seront ensuite récoltées et éditées pour être soumises –lors de débats publics- à toutes les formations politiques ! C'est alors que les jeunes pourront effectuer un vrai CHOIX et voter selon les réponses et engagements pris par les politiques… Ces jeunes étudiants ont d'ailleurs rédigé un message, qui s'adresse non seulement aux organisateurs de la marche mais doit s'adresser à tous, et que je vous livre- car je le trouve d'une profondeur remarquable- «De l'ado sportif à l'enseignante, du maçon au médecin, du branché NTIC à l'avocate, du cultivateur à l'étudiante, de la mère de famille au chef d'entreprise, du journaliste au sportif…chacun(e) apporte sa pierre à l'édifice ! Peut-on accepter que ces pierres soient utilisées pour détruire cet édifice ?» Belle leçon de maturité et de responsabilité des jeunes, n'est-ce pas ?!