La consécration de la méthodologie démocratique, à travers la nomination de Abbas El Fassi au poste de Premier ministre, a amorcé un tournant stratégique dans l'histoire politique du Maroc contemporain. Un événement à haute teneur politique a eu lieu le mercredi 19 septembre 2007 au Maroc. Ce jour-là, SM le Roi Mohammed VI a nommé Abbas El Fassi, secrétaire général du parti de l'Istiqlal, Premier ministre. L'événement est à haute charge symbolique, étant donné qu'il s'agit de la première fois où la méthodologie démocratique a été appliquée jusqu'au bout. La règle est très simple. M. El Fassi, dont le parti a remporté les élections législatives du 7 septembre 2007, avec 52 sièges, a été chargé par SM le Roi Mohammed VI de former le nouveau gouvernement, le vingt-neuvième depuis l'indépendance du Maroc. Un communiqué du Cabinet Royal, en date du 19 septembre 2007, avait souligné que la désignation de Abbas El Fassi pour former le gouvernement intervient dans le cadre de «l'intérêt que Sa Majesté le Roi Mohammed VI accorde à la prise en considération des résultats du scrutin du 7 septembre qui ont permis l'élection, en toute transparence et sincérité, de la nouvelle Chambre des représentants, et à la lumière desquels a été nommé le Premier ministre». C'est ainsi donc que l'alternance consensuelle, du temps du gouvernement Abderrahmane El Youssoufi, a été abandonnée. Il s'agit d'une nouvelle ère qui a été inaugurée sous la conduite de SM le Roi Mohammed VI, amorçant un tournant stratégique dans l'histoire politique du Maroc contemporain. Abbas El Fassi, et après une longue carrière dans le monde de la politique et la diplomatie, retiendra à jamais la date du mercredi 19 septembre 2007. Ce jour-là, il avait fêté avec les Istiqlaliens son arrivée à la Primature mais aussi son 67ème anniversaire. Fidèle à la Koutla démocratique, le nouveau chef de l'Exécutif avait fait du bloc l'Istiqlal-PPS-l'USFP le noyau dur de sa coalition gouvernementale. Entre le 19 septembre, date de la nomination du Premier ministre, et le 15 novembre, date de l'investiture du gouvernement Abbas El Fassi, des négociations ardues avaient eu lieu pour former la nouvelle équipe de l'Exécutif. La bataille des sièges ministériels a été rude. La lutte a été acharnée entre deux composantes du gouvernement sortant, à savoir l'USFP et le MP. Au terme de cette compétition, le parti dirigé par Mohand Laenser a dû céder et rejoindre l'opposition. Dans le cadre de la nouvelle composition gouvernementale, l'Istiqlal a obtenu neuf portefeuilles en plus de celui de la Primature, l'USFP s'adjuge cinq portefeuilles et le PPS obtient deux postes. En plus de ces partis de la Koutla démocratique, le RNI a obtenu six portefeuilles. Le reste des postes ministériels est revenu à des technocrates. Mercredi 31 octobre 2007, le nouveau gouvernement a reçu le vote de confiance du Parlement par 155 votes favorables, 93 contre et 7 abstentions. Le 22 décembre 2008, l'équipe de Abbas El Fassi a subi un léger lifting. Le secrétaire d'Etat aux Affaires étrangères, Ahmed Lakhrif, du parti de l'Istiqlal, a été destitué, après avoir obtenu la nationalité espagnole, chose incompatible avec un ministère régalien. Après près de trois ans de sa mise en place, il faut dire que le parcours du gouvernement Abbas El Fassi a été marqué par plusieurs événements majeurs. Et à commencer par le retrait par le Parti Authenticité et Modernité (PAM), vendredi 29 mai 2009, de son soutien à la majorité, la veille des élections communales du 12 juin 2009. Ce fait remarquable avait mis, pendant 24 heures, en doute l'avenir de l'Exécutif. Mais, le renouvellement immédiat de la confiance royale avait anéanti l'effet de ce retrait. En effet, un communiqué avait annoncé que le Souverain «a renouvelé Sa confiance au Premier ministre, Abbas El Fassi et au gouvernement de Sa Majesté, pour poursuivre et intensifier leurs efforts en vue de conduire les réformes et les grands chantiers, et s'atteler à servir au mieux les intérêts supérieurs de la Nation et des citoyens, sous la conduite éclairée et les orientations clairvoyantes de SM le Roi». Pour récupérer sa majorité, Abbas El Fassi a dû faire recours au MP. C'est ainsi, qu'en date du 29 juillet 2009, Mohand Laenser, SG du MP, a été nommé ministre d'Etat sans portefeuille, et Mohamed Ouzzine, secrétaire d'Etat auprès du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération. Ce changement a été également accompagné par l'arrivée de Moncef Belkhayat au ministère de la Jeunesse et des Sports à la place de Nawal El Moutawakil, et Bensalem Himmich au ministère de la Culture en remplacement de Touria Jebrane. Six mois après, le Souverain a procédé à un autre remaniement ministériel. Le 4 janvier 2010, les changements ont touché les ministères de l'Intérieur, de la Justice, du Tourisme et de l'Artisanat, du département chargé des Relations avec le Parlement et du ministère délégué auprès du Premier ministre chargé de la Modernisation des secteurs publics. La présentation du bilan de mi-mandat du gouvernement a également marqué le parcours du gouvernement. Comme promis au début de son mandat, Abbas El Fassi a présenté, lundi 17 mai 2010, pendant plus de deux heures, devant la Chambre des représentants, les réalisations accomplies, deux ans et demi après l'installation du gouvernement, ainsi que les perspectives de l'action gouvernementale. Il s'en est suivi un large débat au Parlement entre les composantes de la majorité et les partis de l'opposition. D'ici deux ans, le gouvernement Abbas El Fassi sera à terme de son mandat. Le secrétaire général du parti de la balance aura à présenter le bilan final de son mandat et la rude tâche de convaincre son électorat lors des échéances de 2012. La première décennie du nouveau millénaire a été marquée par sa nomination à la tête de la Primature, la deuxième s'annonce avec un rendez-vous capital, celui des prochaines législatives. Abbas El Fassi, qui aura 72 ans, sera-t-il en mesure de rempiler?