Entre le 19 septembre, date de la nomination du Premier ministre, et le 15 novembre, date de l'investiture du gouvernement Abbas El Fassi, des négociations ardues ont été menées par le nouveau chef de l'exécutif. C'est sans grande surprise que Abbas El Fassi, secrétaire général du parti de l'Istiqlal, a été reçu mercredi 19 septembre à Rabat par SM le Roi Mohammed VI, qui l'a nommé Premier ministre, conformément aux dispositions de l'article 24 de la Constitution. Le Souverain avait promis, lors d'un précédent discours, que la « méthodologie démocratique» allait être respectée. Et c'est en vertu de cette méthodologie que le chef du parti, arrivé premier à l'issue des élections du 7 septembre, a été appelé à former la nouvelle équipe gouvernementale. La mission de M. El Fassi n'a pas été de tout repos. Le nouveau Premier ministre a aussitôt engagé de larges, mais ardues, consultations avec les différents partis politiques et leur a soumis des propositions au sujet de la composition du nouveau gouvernement. La Koutla (Istiqlal, USFP et PPS) qui a obtenu une centaine de sièges, se présentait de ce fait comme le noyau dur de la nouvelle formation gouvernementale. M. El Fassi en a donné le ton, en affirmant, au lendemain du 7 septembre, que le parti de l'Istiqlal restait «fidèle» à ses engagements envers le bloc démocratique. La désignation de Abbas El Fassi intervient douze jours après le scrutin, lequel a donné le parti de l'Istiqlal largement vainqueur avec 52 sièges. Le parti de Abbas El Fassi a amélioré son score de 2002 de 5 sièges, se plaçant bien devant les autres principaux partis. La désignation de M. El Fassi, chef du gouvernement, est une conséquence logique des résultats du scrutin du 7 septembre. Elle intervient dans le cadre de «l'intérêt que Sa Majesté le Roi Mohammed VI accorde à la prise en considération des résultats du scrutin du 7 septembre qui ont permis l'élection, en toute transparence et sincérité, de la nouvelle Chambre des représentants, et à la lumière desquels a été nommé le Premier ministre», certifie un communiqué du Cabinet royal. La nomination de M. El Fassi au poste de Premier ministre a fait suite aux audiences royales que SM le Roi avait accordées, le 13 septembre, aux dirigeants de six partis politiques dans la perspective de la désignation du Premier ministre. Ces audiences ont été accordées aux dirigeants des six partis politiques ayant remporté plus de 20 sièges, seuil exigé par le règlement intérieur de la Chambre des représentants pour la constitution de groupes parlementaires au sein de la Chambre. La suite des événements a apporté son lot de surprises et de déceptions. La bataille des sièges ministériels a été rude entre différentes formations politiques. La lutte a été particulièrement acharnée entre deux principales composantes de la coalition sortante, l'USFP et le MP. Donné comme un des piliers du gouvernement El Fassi, le MP a vu grand et finit par être contraint à joindre les rangs de l'opposition. Lundi 15 novembre, SM le Roi Mohammed VI a nommé les membres du nouveau gouvernement proposés par le Premier ministre Abbas El Fassi. Outre l'Istiqlal qui s'est adjugé six portefeuilles en plus de celui de la Primature, l'USFP, membre de l'ex-coalition gouvernementale, marque un retour en force. Principal allié du parti de l'Istiqlal, avec lequel il forme l'un des piliers du bloc démocratique (la Koutla), l'USFP s'est vu attribuer un total de six portefeuilles sous le gouvernement El Fassi. Autre pilier du nouveau gouvernement, le Rassemblement national des indépendants (RNI), sorti vainqueur des difficiles tractations ministérielles en remportant un total de six ministères, sans compter la présidence du Parlement.
Pour la première fois au Maroc, sept femmes prêtent serment Les sept femmes ministres dans le nouveau gouvernement de Abbas El Fassi se sont vues accorder des postes clés englobant des secteurs névralgiques allant de l'énergie, à la culture, à la santé , à l'enseignement voire à la coopération internationale. Le Premier ministre n'a pas omis de faire prévaloir ce constat dans une déclaration faite le jour même de l'investiture de son gouvernement. Le Premier ministre a ainsi tenu à préciser que les ministères accordés aux femmes sont « loin d'être honorifiques». Parmi les sept ministres femmes, quatre en sont à leur première expérience gouvernementale et une seule, l'actuelle titulaire du département de la Santé, Yasmina Badou, était présente dans le cabinet sortant. Deux autres avaient occupé entre 1997 et 1998 des fonctions ministérielles dans un gouvernement de transition précédant le cabinet d'alternance de Abderrahmane El Youssoufi. Il s'agit d'Amina Benkhadra actuelle ministre de l'Energie, des Mines de l'Eau et de l'Environnement et Nawal Moutawakil, aujourd'hui à la tête du département de la Jeunesse et des Sport. La représentativité féminine dans ce vingt-neuvième gouvernement du Maroc depuis son indépendance en 1955 est un record « historique » quantitatif et qualitatif, précise-t-on à Rabat. Les profils choisis incarnent une diversité en termes de formations et de compétences. Du théâtre à l'ingénierie, au droit, au journalisme. Même la carrière sportive a eu droit de cité dans le cabinet El Fassi. Par ailleurs, trois des sept femmes membres du nouveau gouvernement sont sans étiquette politique.