Nicolas Sarkozy pourra toujours se dire que les enjeux français ne se gagnent jamais à l'international et continuer comme si ces critiques n'ont jamais existé. Finie l'image d'un président nommé Nicolas Sarkozy se pavanant sur les théâtres de la politique internationale, la Franco-Sénégalaise Rama Yade à sa droite et la Franco-Marocaine Rachida Dati à sa gauche, toutes les deux ministre de la République, comme deux trophées d'une ouverture et d'une mixité dosée à l'extrême. Finie l'allure conquérante et volontaire d'un président menant courageusement des combats presque perdus d'avance pour sauver un système capitaliste agonisant sous les effets de la crise au nom d'une forme assez inédite de solidarité internationale. Ces images et ce qu'elles étaient censées véhiculer comme message politique font désormais partie d'un passé révolu et lointain. Place aujourd'hui à un autre Nicolas Sarkozy, accusé de toutes parts de nourrir «un racisme d'Etat» là où sa fonction l'obligeait à être le garant de la cohésion nationale, le pompier institutionnel de tous les feux communautaires. Jusqu'à ces derniers jours, Nicolas Sarkozy ne devait subir, virage sécuritaire de Grenoble oblige, que les critiques, certes de plus en plus empoisonnées de l'opposition, trop contente d'avoir trouvé des fenêtres de tirs pour affaiblir un adversaire coriace. Si les choses étaient restées à ce stade, cela fait presque partie d'un jeu politique hexagonal traditionnel où majorité et opposition se crêpent le chignon pour séduire les Français et arracher leur confiance. Mais depuis quelques jours la politique «Immigration-délinquance-déchéance de la nationalité-stigmatisation des gens du voyage» de Nicolas Sarkozy est internationalement critiquée. Le grand signal fut donné par le journal américain «New York Times» lorsque le 5 aout, il publia un éditorial incendiaire à l'encontre de Nicolas Sarkozy intitulé «Xénophobia : Casting out the Un-French» dans lequel il rappelle, avec une intonation moqueuse évidente que Nicolas Sarkozy qui aime se faire appeler «Sarko l'Américain» est en train de nourrir de dangereux sentiments anti-immigrés pour assouvir un agenda politique à courts termes. Et depuis, la presse internationale qu'elle soit européenne ou maghrébine lance des boules puantes à Nicolas Sarkozy avec de graves accusations sur ses déclarations qui alimentent la xénophobie. Le point d'orgue fut atteint en fin de semaine à Genève lorsque le Comité pour l'élimination de la discrimination raciale de l'ONU (CERD) épingla la France en critiquant une recrudescence d'actes racistes et xénophobes en France. La goutte qui avait provoqué la colère fut lorsque ce comité dénonce le manque de volonté politique pour lutter contre cette recrudescence. Par le biais de l'UMP, Nicolas Sarkozy a répondu à ces critiques en mettant en cause le pedigree des experts qui forment ce comité onusien. L'UMP, très remonté, les a d'ailleurs «invités d'abord à exercer leur immense talent «d'expert» dans leur pays». Nicolas Sarkozy pourra toujours se dire que les enjeux français ne se gagnent jamais à l'international et continuer comme si ces critiques n'ont jamais existé. Mais il peut aussi tenter d'infléchir son action et rectifier le tir. Pour cela, il faut attendre les synthèses d'images que les différents services consulaires font remonter jusqu'à Paris pour voir s'il ne s'agit que d'une bourrasque d'automne qui ne mérite qu'un hochement d'épaules ou d'une vraie détérioration d'image qui nécessite un traitement diplomatique.