Ils se sont rencontrés au quartier Maârif à Casablanca. Deux mois plus tard, ils se sont retrouvés devant les tribunaux. Elle l'accuse de viol et il clame son innocence. Nous sommes à Casablanca. À la chambre criminelle près la Cour d'appel, la salle d'audience est déjà archicomble, ce matin du mois de juin. Au box des accusés, se tenait Khaled, un jeune homme, la trentaine, célibataire, employé de son état, qui jouissait d'une bonne réputation parmi ses voisins, ses amis et sa famille. D'abord, ils n'ont pas cru leurs oreilles quand ils ont appris qu'il avait été arrêté par la police. Ils n'ont même pas demandé pourquoi il a été épinglé. Quand ils ont appris, ensuite, qu'il avait été arrêté pour avoir violé Nadia, ils ont déduit qu'il s'agissait d'un coup monté contre lui par la jeune femme avec laquelle il venait d'entretenir une relation amoureuse. «Je ne l'ai pas violée, M. le président… Elle m'a accompagné chez moi de son plein gré et elle s'est même déshabillée sans que je l'oblige», a-t-il affirmé devant la Cour. Leur relation est récente. Cela fait seulement trois mois qu'ils se sont rencontrés au quartier Maârif. Ils étaient tous les deux dans un café, mais chacun était en compagnie de ses propres amis. Mais leurs yeux parlaient. Ils se sont même échangés quelques sourires pendant que chacun était en compagnie de ses amis. Mais, quand elle est allée aux toilettes, il l'a suivie. Et là, il lui a exprimé avoir l'intention d'entretenir une relation avec elle. Elle a gardé le silence comme si elle était timide. Il a noté le numéro de son téléphone portable et lui a demandé la permission de l'appeler le lendemain. Le lendemain matin, il l'a appelée. Elle lui a répondu. Ils ont fixé un rendez-vous dans l'après-midi du même jour. C'était comme s'ils se connaissaient depuis longtemps. Ils ont commencé à se rencontrer quotidiennement surtout dans les cafés du quartier Maârif. Après deux mois, il lui a exprimé son intention de la demander en mariage. Elle était vraiment pleine de joie. Ils ont commencé à se préparer pour les fiançailles. «Ses parents étaient au courant de notre relation…», a-t-il affirmé à la Cour. Mais, Nadia a rétorqué : «Non, M. le président, ils n'étaient pas encore au courant de ma relation avec Khaled… Seule, ma sœur aînée était au courant…». Khaled l'a regardée avec des yeux hagards. Stupéfait, il a gardé le silence. Nadia a ajouté à la Cour : « Il m'a dit qu'il va me demander en mariage, mais sans fixer la date des fiançailles… Il ne me demandait que de l'accompagner chez sa mère». Il lui a demandé de l'accompagner chez lui pour rencontrer sa mère et ses deux sœurs. «Oui, M. le président, je lui en ai demandé et elle m'a accompagné... Je n'avais pas l'intention d'abuser d'elle… Quand nous sommes rentrés, nous ne les avons pas trouvées. J'ai appelé ma sœur au téléphone, elle m'a répondu qu'elles seront à la maison dans une heure. J'ai demandé à Nadia de rester jusqu'à ce qu'elles reviennent. Elle a accepté. Tout d'un coup, j'ai commencé à lui toucher la poitrine. Elle n'a pas refusé. Elle a même déboutonné son pantalon et nous avons couché ensemble sans la dépuceler… Elle est restée en ma compagnie jusqu'à l'arrivée de ma mère et de mes sœurs», a-t-il précisé devant la Cour. Quant à elle, elle a affirmé qu'elle a été violée après être menacée de lui balafrer le visage. «Il a brandi un couteau et m'a obligée à me dévêtir… Il m'a violée et il m'a dépucelée… Il n'y avait personne chez lui, ni sa mère, ni ses sœurs... Nous ne les avions pas trouvées», a-t-elle ajouté à la Cour. Qui a raison, qui a tort ? Pour la Cour, après les délibérations, Nadia avait raison. Et Khaled avait tort. C'est pourquoi, elle l'a jugé coupable pour viol doublé de dépucelage et l'a condamné à trois ans de prison ferme.