Jugé par ses amis comme un jeune sans problèmes, Abdelhamid, 28 ans, n'a pu contenir ses désirs devant le charme de Nora et l'a violée dans une ruelle à Casablanca. Ils sont face à face et l'œil dans l'œil. Il est le bourreau et elle est sa victime. Le président de la chambre criminelle près la Cour d'appel de Casablanca qui tranchera, ce jour du mois de février sur leur affaire, n'hésite pas, de temps en temps, de les regarder avant de se plonger dans la lecture du procès-verbal ouvert devant ses yeux. La salle d'audience est archicomble. Il s'appelle Abdelhamid et elle se prénomme Nora. Elle l'accuse de viol et il clame son innocence. «Elle était ma copine durant trois ans…», affirme-t-il. «Je ne l'ai jamais connu…», réplique-t-elle. Qui a raison et qui a tort ? La tâche semble être difficile pour la Cour. Abdelhamid, âgé de vingt-huit ans, est un jeune sans problèmes. C'est du moins ce que raconte, dans l'enceinte du tribunal, l'un de ses amis qui est venu le soutenir. Quittant l'école au primaire, il a été embauché chez un mécanicien. Quelques années plus tard, il devient professionnel. Son métier lui rapporte de l'argent. Et pourtant, il n'a pas pensé au mariage. Ses amis expliquent qu'il entretenait effectivement une relation amoureuse avec une jeune fille. Il ne s'agit pas de Nora, mais de Nadia, précisent-ils tout en exprimant leur étonnement d'avoir été mouillé dans une affaire de viol. D'abord, il n'était jamais violent. Toutefois, si la version relatée par Nora devant la Cour est vraie, Abdelhamid semble, sans aucun doute, avoir une autre face cachée de sa personnalité. «Il s'est approché de moi, m'a exprimé ses sentiments, m'a sollicitée de lui donner une chance… », explique Nora devant la Cour, les larmes aux yeux. Elle a refusé son offre. Elle lui a expliqué qu'elle était engagée dans une relation avec un autre jeune homme. En vain. Il a suivi ses pas. «Il m'a effrayée… Je lui ai expliqué que je crains d' être croisé par mon copain, mais il s'est moqué de moi…», dit-elle à la Cour. Quand elle est arrivée à son quartier, à Hay Mohammadi, elle était obligée de passer par une ruelle obscure. D'ailleurs, elle y passait souvent sans que personne ne lui ait jamais porté atteinte. Cette fois-ci, elle a été immobilisée par Abdelhamid. Elle n'a pas pu réagir devant l'éclat de son couteau qui a été mis sous ses aisselles. Il lui a levé la jupe, lui a descendu le slip et il est passé à l'acte. Une version de Nora qui a été contestée par le mis en cause, Abdelhamid. Ce dernier a précisé qu'il entretenait, depuis quelques mois, une relation amoureuse avec Nora. Contrairement à ce que racontent ses amis au hall de la Cour d'appel qui parlent d'une certaine Nadia et non pas de Nora. Seulement, la Cour n'a convoqué personne parmi eux, à l'exception du veilleur de nuit. Ce dernier a attesté avoir remarqué Abdelhamid qui suivait Nora sans savoir s'il avait abusé d'elle. Un témoignage qui a permis au tribunal d'avoir la preuve qu'Abdelhamid avait déjà vu Nora, contrairement à ce qu'il a raconté. Jugé coupable, il a été condamné à trois ans de prison ferme.