Noureddine Karbal du PJD reproche au gouvernement de ne pas respecter ses engagements de s'occuper de la langue arabe et de renforcer son utilisation au sein même de ses instances. ALM : Selon vous, la langue arabe subit-elle une crise ? Noureddine Karbal : On ne peut pas dissocier le développement et la modernité d'un pays du rayonnement de sa langue officielle. Dans ce contexte de mondialisation, la croissance d'une nation et son impact dans l'échiquier mondial se reflètent sur le champ linguistique. Ainsi la langue est aussi un vecteur de développement. Comme c'est connu, elle évolue au fil de l'histoire autant que les civilisations. La langue arabe est aussi un outil qui évolue et qui assimile l'évolution du monde. Mais si l'on la délaisse, que deviendrait notre identité ? Par cette négligence de notre langue officielle, nous resterons aussi cantonnés dans l'immobilisme. Prenons exemple sur la Turquie qui par le respect de civilisation et l'attachement à sa langue arrive à influencer tout le Moyen-Orient. Regardons la Chine dont la langue est désormais étudiée dans les plus grandes universités d'Europe. Qu'est-ce que vous reprochez au gouvernement ? Ce gouvernement ne respecte pas la Constitution du pays qui dit que la langue arabe est la langue officielle. On reproche au gouvernement de ne pas respecter ses engagements de s'occuper de la langue arabe et de renforcer son utilisation au sein même de ses instances, comme le stipulait déjà la circulaire de l'ex-Premier ministre Abderrahmane El Youssoufi et jusqu'à aujourd'hui celle du Premier ministre actuel, Abbas El Fassi. Je ne comprends pas ce qui empêche que cela se fasse. Que répondez-vous aux personnes qui demandent la reconnaissance l'amazigh et de la darija dans la Constitution ? Nous n'avons aucune réserve à ce que l'amazigh et la darija, les langues maternelles des Marocains, soient inscrites dans la Constitution comme des langues nationales. Moi-même pour me faire comprendre chez moi ou ailleurs, je parle darija. Celle-ci a aussi une importance dans l'apprentissage progressif des autres langues. Tout de même, il ne faut pas que la darija se substitue à l'arabe ni qu'elle se dégrade et devienne une langue vulgaire. Comment sauvegarder la langue arabe ? La langue arabe c'est la langue du coran, un livre sur lequel «Dieu veille éternellement» comme dit notre croyance. La langue arabe existera tant que le Coran existera. Ainsi le volet religieux a joué un grand rôle dans la préservation de cette langue. Mais le volet du développement n'est pas à la hauteur de ce rayonnement religieux et civilisationnel légué par l'histoire. L'outil qui est la langue existe, les facteurs de son développement aussi, toutes les conditions sont réunies pour son rayonnement, mais manque la consistance du développement. Sans cette dimension, on a l'effet du récipient bien garni mais vide. Il est surtout question de développement humain. Il faut sensibiliser la population, la préparer à renouer et à aimer cette langue à travers l'enseignement, les médias et l'éducation... Peut-on parler d'ouverture sur les autres langues? La langue arabe constitue notre identité et notre culture. Il faut nous baser sur la langue arabe pour le développement de notre pays et ce bien sûr avec une ouverture sur les autres langues. Mais, il faut bien sûr s'ouvrir sur les autres langues et ce même en ce qui concerne la formation des ouléma par exemple. Le Prophète ( ASWS) ordonnait Ses compagnons d'apprendre les langues perse et hébreu .... Et puis l'Islam est une religion universelle et pas qu'arabe.