Sous l'effet de comprimés psychotropes, Hassan a jeté son père de la terrasse de leur domicile dans la rue et s'est présenté devant la police de la ville de Kelâat Sraghna pour avouer son crime de parricide. Nous sommes à Kelâat Sraghna, dans la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz. Au quartier Jnane Châaïbi, Abdellah, quinquagénaire, avait construit un R+2. C'est le fruit de plus de deux dizaines d'années de labeur, jour et nuit avec abnégation. Il ne rêvait plus de réaliser beaucoup de choses dans sa vie. Il ne rêvait que d'avoir des enfants qui obtiendront des diplômes susceptibles de leur permettre d'avoir un bon emploi, qui le respectent, qui prennent soin de lui quand il sera plus ou moins vieux. Malheureusement, on ne peut pas réaliser tous ses rêves. S'il est arrivé à avoir son propre domicile qui devait être un abri pour tous ses enfants, il n'est pas arrivé à avoir les enfants dont il avait rêvé. D'abord, aucun d'entre eux n'est arrivé à décrocher un diplôme. Ils ont tous abandonné les bancs de l'école au primaire. Ensuite, aucun ne le respectait et ne prenait soin de lui. En fait, il craignait de passer les derniers jours de sa vie à séjourner dans une maison de bienfaisance surtout après le décès de sa femme. Hassan est l'un de ses trois enfants. Lui également n'a pas pu, à son tour, avoir même le certificat d'études primaire. Il a abandonné l'école à la deuxième année de l'enseignement primaire. Il n'y avait rien à faire au quartier à part fréquenter les clochards au point qu'il n'a appris dès le début de son adolescence que la consommation de la drogue : haschich et comprimés psychotropes. De fil en aiguille, il ne rentrait chez lui que pour demander de l'argent à son père, qui ne supporte plus ses comportements très agressifs. Dès le matin, après avoir pris le petit déjeuner, Hassan sortait de chez lui et rencontrait ses amis, tous des chômeurs qui ne pensent qu'à leur dose de haschich ou de comprimés psychotropes. Il y retournait parfois vers l'après-midi pour prendre son déjeuner. Et d'autres fois, il ne rentrait que vers le soir pour rencontrer son père qui venait de rentrer de son emploi et lui demandait de l'argent. S'il lui en donne, Hassan rejoignait ses amis et ne retournait à la maison qu'à une heure tardive. Sinon, il n'hésitait pas à l'insulter et l'injurier. Parfois il le violentait même devant les regards des voisins qui intervenaient pour l'empêcher de frapper son père. Celui-ci n'a jamais osé s'adresser à la police pour déposer plainte contre lui et l'accuser de coups et blessures contre ascendant. Ses voisins l'incitaient à chaque fois de menacer son fils en déposant une plainte auprès du procureur du Roi. Mais, en vain. Et au fil du temps, c'était l'irréparable. Comment ? Hassan était sous l'effet de comprimés psychotropes quand il est retourné chez lui. Il appelait son père qui ne le lui répondait pas. Celui-ci était à la terrasse. Hassan l'appelait à haute voix. Et toujours, son père gardait le silence. Tout d'un coup, Hassan l'a rejoint. Tous les deux étaient à la terrasse, face-à-face. Hassan ne se contrôlait plus. Il semblait qu'il n'avait plus la tête entre ses épaules. Les prunelles comme des braises, il regardait son père qui lui demandait de sortir. Hassan avançait. Et le père reculait. Il n'y avait à la terrasse que Hassan et son père. Soudain, Hassan a saisi son père, l'a pris entre ses mains comme un bébé et l'a jeté de la terrasse dans la rue comme s'il a jeté une pierre. Tête fracassée, le père a rendu l'âme. Hassan est descendu de la terrasse, est sorti de chez lui et s'est présenté de son plein gré devant la police pour avouer avoir commis un crime de parricide.