Une dizaine de troupes représentant Tétouan, Alger et Oujda ont animé du 27 au 30 juin, dans cinq villes de l'Oriental, la 19e édition du Festival de la musique gharnatie. Devant un public attentif à la qualité de l'exécution instrumentale et dans une salle archicomble du complexe culturel d'Oujda, une cinquantaine de virtuoses en herbe ont donné le coup d'envoi de la 19ème édition du Festival de la musique gharnatie. Un intense moment de joie partagée par des mélomanes en quête d'airs musicaux enracinés dans la nuit des temps et qui perpétuent un art qui a souvent fait la fierté de l'Oriental. C'est d'ailleurs cette dimension de sauvegarde d'un art ancestral qu'ont salué Ahmed Gouitaa, secrétaire général du ministère de la Culture et Mohamed El Kaddoussi, directeur régional du même ministère lors des discours de la séance inaugurale. Ils ont précisé que le Festival de la musique gharnatie est devenu un rendez-vous incontournable pour la sauvegarde et la pérennisation d'un patrimoine riche et varié. Ils ont aussi rappelé les différentes actions initiées par leur ministère en vue d'encourager les jeunes à adhérer massivement aux genres musicaux qui ont fait l'originalité artistique de notre pays. «L'art, ont-ils ajouté, ne peut assumer pleinement son rôle de levier culturel sans infrastructure adéquate. Et c'est à quoi s'attelle le ministère de la Culture notamment par la mise à niveau des conservatoires de musique, le renforcement de leurs équipements, la qualification et l'amélioration des salaires du personnel qui veille sur ces conservatoires». Avec de telles ambitions, la délégation régionale du ministère de la Culture d'Oujda opère selon trois axes. Primo, par l'accompagnement et l'encouragement des associations locales en modernisant les enseignements dispensés au niveau de leurs écoles de formation. Secundo, par l'organisation de concours de chants, de rythmique et l'exécution globale en solo ou en groupe. Tertio, par la construction du plus grand conservatoire de musique au Maroc. Il sera érigé sur une superficie de 1365 m2 avec un espace réservé à l'enseignement et la sauvegarde de l'art gharnati. Précisons aussi que cette 19ème édition est organisée sous le signe de la «Pérennisation de l'art gharnati par le biais des jeunes». Au fait un intérêt particulier est réservé aux pépinières des onze associations actives au niveau de l'Oriental. Le gharnati étant aussi «un style de vie qui couvre la musique, les vêtements de cérémonies, la gastronomie et l'art de vivre. En somme, un ensemble de coutumes raffinées avec un héritage riche en traditions et chants d'inspiration andalouse», a déclaré à ALM Nassraddine Châabane, chef d'orchestre de la cérémonie d'ouverture. Il est à préciser par ailleurs que l'orchestration en gharnati est exécutée à l'unisson par un groupe de musiciens dirigés par un maestro qui se fait remarquer par ses ornements interprétatifs. Le «Mounchide» en gharnati est aussi un musicien. C'est la règle d'or. «Tu ne peux prétendre au chant si tu ne maîtrises pas un instrument», répètent tous les maîtres d'Oujda à leurs élèves. Cette orchestration tolère l'interprétation individuelle quand elle est d'un apport ornemental. Quant aux thèmes abordés, ils ne sont autres que ceux chantés par la poésie arabe classique qui loue les vertus de l'amour et du don divin. Cette thématique s'appuie sur une série de douze Noubates qui s'enchaînent selon un mouvement cadencé en sept modes, à savoir l'Istikhbar, la Touchia, le M'ceder, le Btaihi, le Derj, l'Insiraf et le Khlass.