Pour sa 15ème édition, le Festival d'Oujda fait participer une dizaine de troupes de musique gharnatie. Si le programme prévoit une forte participation des troupes de la ville-hôte, l'usage veut que le voisin de l'est, l'Algérie, soit aussi représenté. A l'accoutumée, le Festival «Attarab al-gharnati» d'Oujda met à l'honneur une troupe du voisin de l'est. Cette année, c'est au tour de l'Association algérienne Nassim-Al Andalus de participer à la 15ème édition de ce festival, prévu du 17 au 19 juin courant. Créée en 1968 à Tlemçen, cette association s'inspire du style du défunt Cheïkh Larbi Al Ansari, où le jeu collectif (choral) prédomine au niveau de l'interprétation autant vocale qu'instrumentale. Au-delà de l'Algérie, guest-star de cette 15ème édition, la part du lion revient à la ville-hôte avec une participation, certes à moindre échelle, mais de très haute tenue, de l'orchestre r'bati Chabab Al-Andalus, lequel est chapeauté par le maestro Ahmed Pirou. Co-fondateur avec le regretté Ahmed Bennani de l'Association des amateurs de la musique gharnatie, M.Pirou a contribué depuis l'aube de l'Indépendance à la sauvegarde et au développement de cette part du patrimoine qui ne concerne pas uniquement le Maroc oriental, mais tous les pays ou presque du Maghreb. Les pays du Maghreb, de par leur histoire et les liens qui les unissent aux royaumes arabes d'Andalousie, sans oublier l'apport substantiel des Arabes ayant quitté l'Espagne sous la pression de la Reconquista, ont créé un ensemble de traditions musicales que l'on a coutume de libeller sous le nom de musique arabo-andalouse. Ces traditions varient d'un pays à l'autre, de la Tunisie jusqu'au Maroc, en passant par la Libye et l'Algérie. Aussi divergentes que ces traditions puissent paraître, elles se recoupent sur un trait commun, à savoir la suite vocale et instrumentale ou « ruibas ». Au Maroc, « attarab al-andalussi » s'est développé à Fès aussi bien qu'à Tétouan et Chefchaouen, alors que « attarab al-gharnati », qui se veut un hommage à Grenade, dernier bastion arabe d'Andalousie, s'est épanoui à Rabat et Oujda. Cet épanouissement le Royaume le doit aux juifs marocains mais aussi aux familles de Tlemçen qui se sont installées au Maroc dès la fin du XIXème siècle. La place qu'occupent les troupes d'Oujda, de Rabat et de Tlemçen au programme du 15ème Festival de musique gharnatie n'est donc pas le fruit du hasard. La capitale de l'Oriental est représentée par 7 troupes. A nommer l'Ensemble Ziryab, également l'orchestre qui porte le nom de Cheïkh Saleh Mohamed Ben Saïd Ben Saleh Chaâban, qui, avec les Cheïkhs Mohamed Ben Ismaël Larbi et Larbi Ben Sari, ont fait la grande histoire de la musique gharnatie au Maroc et en Algérie ; et puis il y a l'Association Salam des anciens de la musique gharnatie, laquelle a le mérite d'avoir préparé la relève en formant une pléiade de jeunes à la pratique de la musique ghranatie, l'Assocation La Sicada dont l'apport est d'avoir introduit des techniques modernes dans l'enseignement de la musique gharnatie, l'Assocation des amateurs de «Attarab al-gharnati» qui, en plus du «gharnati», a contribué au rayonnement culturel dans la capitale de l'Oriental, l'Association qui est baptisée du nom de son fondateur le Cheïkh Mohamed Ben Ismaël et « Al-Andalussia » qui est considérée comme l'une des associations les plus anciennes à Oujda. Ce plateau, toutes tendances confondues, sera invité à animer, en l'espace de trois jours, trois villes de l'Oriental. Le festival, dont l'ouverture et la clôture auront lieu à Oujda, se déroulera à Jerada (Maison des jeunes Ibn Sina) et à Berkane (Club Melouya). En marge du festival, le programme prévoit des rencontres-débats autour des thèmes «Attarab Al-Gharnati et le rôle de la société civile dans sa sauvegarde» (Dar Sebti), et «Le patrimoine musical gharnati : Réalité et perspectives» (siège de la Radio régionale d'Oujda). Le programme prévoit également une exposition des instruments, documents et photos des maîtres de la musique gharnatie.