Longtemps l'art a été cantonné à des espaces clos : centres culturels, musées, galeries, théâtres, salles de spectacle… Aujourd'hui sous les coups de boutoir des cultures urbaines, l'art – dans toutes ses dimensions – prend possession de la rue, et devient ainsi plus visible, plus accessible, plus «populaire». D'ailleurs, une forme «neuve» d'expression est née de cette appropriation : «les arts de la rue» ! On y retrouve pêle-mêle le cirque, la danse (notamment le break dance), le graff, le théâtre de rue, le skate, le roller… Les arts de la rue prennent également le pouvoir aujourd'hui au Maroc et dans nombre de villes des troupes se créent, se font connaître, font des émules et deviennent des acteurs incontournables des festivals, des manifestations culturelles… Parmi les pionniers, émergent bien évidemment «les Transculturelles» à Casa, grâce au «Boul'vard» ; il faut également citer Mohammedi'Art, Awaln'Art à Marrakech… ainsi toute une jeunesse talentueuse s'approprie la rue, invente une nouvelle forme d'expression, un nouveau langage, une nouvelle gestuelle, voire une nouvelle mode vestimentaire… Bref c'est le Street'Art. De plus en plus les organisateurs de grandes initiatives culturelles vont devoir prendre en compte cette nouvelle donne, cette nouvelle dimension, cet engouement de toute une jeunesse : certes, les spectacles musicaux gardent leur impact, leur popularité, leur pertinence mais il leur faudra dorénavant prévoir un volet «Arts de la Rue» à leur programmation ! C'est ce que projette – de façon avant-gardiste – la préfecture de Mohammedia, en effet à l'occasion de la 2ème année des «Estivales», la partie arts de la rue se verra réserver une part de choix : show circassien, cracheurs de feu, battle de break dance, tricks, graff… et accompagnera la programmation musicale. Parions que cette conception de festival va attirer non seulement le public mais aussi la curiosité d'autres événements qui pourront s'en inspirer… suivez bien, par exemple, l'émergence de la troupe « Clokolo », équipe métisse incluant jeunes Marocains et jeunes Français, qui après le quartier populaire de El Alia est en train de gagner une place de choix en participant à l'opération «Allons au théâtre», les Transculturelles et Awaln'Art… Après tout, les arts de la rue sont dans la pure tradition des arts populaires : «Jemaa El Fna» peut être fière de ses enfants…